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jeudi 14 mars 2013

Saine anthropologie pour un projet solide


"Etre homme, 
c'est précisément être responsable. 
C'est connaître la honte d'une misère 
qui ne semblait pas dépendre de soi. 
C'est être fier d'une victoire 
que les camarades ont remportée. 
C'est sentir, en posant sa pierre, 
que l'on contribue à bâtir le monde." 

Antoine de Saint-Exupéry

Terre des hommes, février 1939



A l'heure d'un choix décisif, les électeurs doivent pouvoir se prononcer sur un ensemble d'observations, d'analyses, de propositions, d'engagements, d'intentions ... et sur un corps de principes que le futur Président de la République entend promouvoir, défendre et appliquer. Parmi ceux-là figurent en bonne place les fondements anthropologiques sur lesquels il conduit sa pensée et se met en action.

L'exposé des fondements est une source de clarté qui dissipe d'éventuels malentendus et permet de mieux comprendre les orientations choisies. Faire l'économie d'un tel travail incite beaucoup de nos concitoyens à se détourner de scrutins qui leur paraissent ne s'intéresser qu'à l'écume des choses, ne jamais aborder des questions pourtant essentielles voire vitales pour notre pays, ne pas résoudre des problèmes qui leur empoisonnent la vie alors qu'il leur semble que davantage de courage et plus d'intelligence des réalités quotidiennes qui les concernent permettraient au contraire d'élaborer et de mettre en place des solutions justes, viables et pérennes.

Ainsi en est-il de la conception de l'être humain. Elle est si déterminante que la moindre erreur à ce propos conduit à prendre des décisions dont les conséquences néfastes ne seront guère corrigées par une inflation de dispositions qui ne s'attaquent pas à la racine du problème. Un exemple parmi d'autres : la prétention d'atténuer les multiples violences qui menacent les corps intermédiaires et les citoyens sans volonté ferme d'éradiquer les crimes commis chaque jour au nom d'une légalité absurde contre l'innocent dans le sein de sa mère n'est que velléité sans âme et sans courage. 

Tandis que subsistent encore quelques politiques courageux pour défendre au Parlement et en tout lieu approprié des positions qui respectent la vie des personnes à la merci de l'exploitation qu'organisent les prédateurs sous couvert de bons sentiments, nombre d'acteurs de la société civile ne manquent pas d'alerter l'opinion publique sur les dangers d'une conception erronée de l'homme et de ses rapports avec ses semblables.

En 2016, Tugdual Derville nous invitait à mettre en oeuvre une écologie vraiment respectueuse de l'homme dans son livre : "Le temps de l'homme" en évitant de verser dans les excès du transhumanisme.

En 2009, Jean-Marie Le Méné montrait les dangers d'une attitude scientiste en matière de bioéthique dans son livre "Nascituri te salutant !" (Ceux qui vont naître te saluent) - La crise de conscience bioéthique aux éditions Salvator. Attitude qui conduit aujourd'hui à éliminer des embryons humains avant la naissance de l'enfant dès qu'il présente une anomalie que certains censeurs ont jugée inadmissible. De quel droit ? D'après quels critères ? 

Dès 1999, Monette Vacquin étudiait "l'acharnement sur la filiation qu'aucune urgence humaine ne rend compréhensible" dans son livre "Main basse sur les vivants" aux éditions Fayard.

Une conception erronée des rapports entre l'homme et la femme, de leur caractère propre, de la complémentarité de leurs rôles, de leur responsabilité respective dans le déclenchement de scènes de violence, ... conduit à imputer des torts injustifiés à l'un ou à l'autre, à proférer des accusations stériles et, au bout du compte, à un traitement inadapté des causes profondes de dysfonctionnement dans les familles, dans les corps intermédiaires et dans la société tout entière. Ainsi, n'envisager les rapports entre l'homme et la femme que sous l'angle étroit et réducteur d'une lutte pour la domination de l'un sur l'autre n'apporte aucun éclairage utile sur les causes profondes de mal être ensemble. 

Nous rebattre les oreilles d'émancipation ne fait qu'aggraver les tensions déjà si vives qui, aujourd'hui plus qu'hier encore, font exploser les familles en vol et laissent orphelines les générations montantes avant de les conduire tout droit au suicide. Le remède trouvé par certains politiques (qui marchent sur la tête ?) : le suicide assisté ... (politiques soutenus ou excités par une médecine en France déjà fortement à la dérive quand elle n'est pas de pointe). Solution aberrante pour un problème mal identifié et occulté : la dépression qui touche les jeunes et finalement toutes les générations résulte d'une perte de sens d'une part (diagnostiquée par le psychiatre Victor Frankl au milieu du XXème siècle) et d'autre part de la méconnaissance des moyens pour l'accomplir : la coopération entre l'homme et la femme, chacun selon ses talents et aptitudes, ses dons et ses charismes.

Perte de sens d'abord quant au lien entre l'homme et la femme lorsque celui-ci est seulement perçu comme simple équilibre fragile et non comme facteur de synergie. Un lien qui oscille entre tensions vives et relâchement mortifère. Un lien qui réclame des soins quotidiens et une vigilance de chaque instant. Où la connaissance et la maîtrise de soi (voir à ce propos le leadership vertueux d'Alexandre Dianine-Havard (en anglais)) ne doivent pas se contenter d'un minimum syndical. Où la connaissance et le respect de l'autre sont aussi vitaux que ne le sont l'air que nous respirons et l'eau qui étanche notre soif. Perte de sens quand nous réduisons le lien entre l'homme et la femme à une subordination contrainte ou à un assujettissement sans but. Perte de sens quand nous oublions que ce lien est pour l'épanouissement de chacun en vue du service de tous, ceux qui n'ont plus de parents, ceux qui ont perdu tout repère comme ceux qui semblant gâtés par la vie ont besoin aussi d'attention et de soins subtils. Perte de sens quand nous perdons de vue que ce lien se tisse au jour le jour par la recherche et la mise en oeuvre d'une coopération de plus en plus fine et harmonieuse pour un service diligent, efficient, efficace et intelligent du prochain, que ce soit l'enfant qui va paraître ou l'ancien qui s'apprête à disparaître.

Perte de sens ensuite quant au rôle essentiel des familles dans le destin et le quotidien des personnes, époux et enfants. Voir à ce propos : "Leadership vertueux et famille", interview d'Alexandre Dianine-Havard qui explique admirablement que, là encore, il ne s'agit pas de chercher et de trouver un équilibre entre vie domestique et vie extra domestique mais bien de vivre l'extérieur en considérant le foyer comme lieu de ressourcement. Ainsi, devenir leader dans son métier ne suppose pas de mettre sa vie de famille entre parenthèses ou sur le banc de touche. Au contraire, celle-ci peut et doit être le lieu d'un renforcement permanent de ses capacités. Non pas un obstacle mais un tremplin puisqu'elle lui permet d'affirmer son caractère, de fortifier ses vertus et d'apprendre à regarder l'autre pour un service diligent de ce qu'il y a de meilleur en lui.

Perte de sens enfin quand l'oubli de l'anthropologie ternaire - être humain muni d'un corps, d'une âme et d'un esprit -, conduit à le réduire à une forme binaire, une espèce parmi d'autres, un animal tout juste doué de raison et même à une machine un peu plus sophistiquée que les autres dans laquelle chacune des fonctions peut être optimisée moyennant l'ajout d'auxiliaires de plus en plus aliénants. 


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