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mercredi 8 avril 2015

Politique, un dur métier pour qui l'accomplit dans un esprit de service




Anne Hidalgo



Les Français, comme d'autres peuples, ont les politiques qu'ils méritent. Ils ont les hommes et les femmes politiques qu'ils ont choisis parmi une multitude de candidats, les uns soutenus par un parti et d'autres qui se sont affranchis d'une quelconque tutelle.

Se défausser de sa responsabilité de citoyen en pariant sur l'abstention ou en usant de l'argument des "promesses non tenues" ne trompe personne : nous sommes collectivement responsables de ce qu'il advient de notre pays. L'indigence de certains politiques ne suffit pas à expliquer les très grandes menaces qui pèsent aujourd'hui sur l'avenir de la France. Chacun de nous peut, à son échelle, contribuer à éviter un désastre.

Certes, nous confions nos intérêts à des personnes faillibles. Exposé à toutes sortes de tentations, le personnel politique risque à tout moment de faillir à ses missions. Exposé médiatiquement, il subit la pression grandissante des pouvoirs qui lui contestent sa place. Cette pression est de plus en plus forte aujourd'hui puisqu'un vent violent souffle contre toute position dominante, toute autorité, tout représentant d'un ordre aussi légitime soit-il. 

Du point de vue étroit où chacun de nous se place, certaines options politiques peuvent nous paraître médiocres et même nuisibles tandis que d'autres les qualifient d'excellentes. Sommes-nous toujours en mesure de juger ? Sur quelles données nous appuyons-nous pour apprécier telle décision, telle loi, telle disposition ? Sommes-nous sûrs d'être assez compétents pour discerner les causes, les possibles et les conséquences ? Vastes questions que tout citoyen raisonnable n'élude pas afin de ne pas s'emporter à tort. Et d'ailleurs, à quoi bon vitupérer contre tel ou tel pouvoir ? A quoi bon accuser l'un ou l'autre d'avoir failli ? Qui de nous ne s'est jamais trompé, n'a jamais fauté ?

Il est probable que tout parti au pouvoir qui se donnerait la peine de présenter un bilan honnête et non mensonger de l'action du gouvernement qu'il aurait soutenu emporterait assez aisément de nouvelles élections contre un parti d'opposition qui ne saurait rien faire d'autre que d'émettre des critiques sans présenter un projet solide et bien ajusté aux nécessités du temps présent. 

Toute l'énergie dépensée à maudire l'action d'un autre est perdue pour bâtir une réponse digne d'intérêt. Céder à l'air du temps qui prône la critique virulente, la calomnie ou la médisance, la caricature grotesque ou la dérision c'est perdre beaucoup de temps et passer à côté de propositions constructives d'autant qu'il devient de plus en plus délicat de remédier aux dysfonctionnements d'une société qui ne cesse de gagner en complexité. 





En ayant le souci de nous simplifier, de nous unifier et de nous "cultiver en complexité" comme nous y invite Gérard Gigand (voir aussi l'enregistrement "la compréhension trialectique comme géométrie de la systémique"), nous deviendrons capables de choisir des élus dont nous serons fiers et que nous aurons à coeur de soutenir dans l'exercice d'un métier pour le moins difficile quand celui qui est en charge des intérêts collectifs accomplit ses missions dans un véritable esprit de service et avec beaucoup d'humilité.

Le nombre de candidats aux élections fait parfois illusion. Il semble que beaucoup se pressent encore pour obtenir des sièges en or mais si nous laissons s'installer une pression grandissante sur nos élus, il y a fort à parier que le nombre de vocations ne cessera pas de décroître. Pire : il n'est pas certain que ceux qui braveront encore le suffrage populaire soient les hommes et les femmes dont l'espace public et le bien commun aient le plus à gagner. 

L'élection présidentielle en France concentre à elle seule de tels enjeux de pouvoir qu'au lieu d'élire des personnes vraiment aptes à présider aux destinées de la France, nous n'élisons bien souvent qu'un chef de parti qui a su défendre habilement sa place contre ses principaux rivaux et s'imposer en face d'autres chefs de parti. Cela ne donne pas hélas les qualités essentielles permettant de veiller au bien commun d'une nation.

Le projet France2022 prévoit de modifier les pouvoirs du Chef de l'Etat, des Ministres et des représentants de la nation afin que la France sorte des impasses actuelles et développe un potentiel malheureusement laissé en jachère par des pouvoirs exécutifs et législatif devenus impuissants dans un monde qui a profondément changé depuis 1958. Des pouvoirs nationaux qui, faute de courage, laissent les élus locaux gérer des situations de plus en plus inextricables.

L'une des grandes évolutions défendue par le projet France2022 consiste à donner aux maires (de municipalités plus étendues et moins nombreuses) des pouvoirs plus larges sur la conduite des affaires de la nation tout entière, non plus confondue avec un Etat stérile comme aujourd'hui dans de nombreux domaines mais subdivisée en cinq provinces ayant chacune une forte autonomie de gouvernement. 

Grosso modo mais à bien préciser, cela revient à faire de la France une fédération de cinq Etats. Le niveau national joue alors beaucoup mieux son rôle : il ne s'occupe pas de gouverner en détail mais tient lieu d'articulation aujourd'hui manquante entre le niveau de gouvernement européen et le niveau de gouvernement étatique (requalifié en gouvernement provincial). Gouvernement étatique qui englobe tous les domaines non régaliens, laissant au niveau national le soin d'organiser les pouvoirs régaliens en étroite concertation avec ses voisins, l'Europe tout entière et le reste du monde, soit déjà fort à faire ! 

Dans cette nouvelle organisation, chaque pouvoir provincial a les coudées franches pour organiser et mettre en oeuvre les pouvoirs non régaliens en tenant compte des réalités de terrain qui ne sont pas les mêmes partout et, plus encore, en respectant davantage les prérogatives des élus locaux et donc le principe fondamental de la subsidiarité défendu par le projet France2022.

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