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vendredi 30 juin 2017

France 2022 : Abolition de la peine de mort pour les tout-petits en gestation


En souvenir 
de Simone Veil,
décédée le 30 juin 2017

En hommage 
auteur de  "Pour une naissance sans violence" (1974).





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Pièce recommandée en prélude, en interlude 
ou pour clore la lecture de cette tribune :

"Wie der Hirch schreit" Ps 42
Félix Mendelssohn

Dir. Philippe Herreweghe



En ces jours-là, Marie se mit en route 

et se rendit avec empressement 
vers la région montagneuse, 
dans une ville de Judée.


Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, 

l’enfant tressaillit en elle. 
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, 
et s’écria d’une voix forte : 
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
 et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, 
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.

Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
 qui lui furent dites de la part du Seigneur. »


Lc 1, 39-45


 [... Du point de vue de la vision à la naissance] 
L'animal humain se situe entre ces deux extrêmes 
que sont l'antilope et la souris. 
Le bébé est trop impuissant pour être concerné 
par ce qui se passe dans le lointain 
mais, dès le début, 
il doit avoir un contact visuel avec sa mère. 
Cela fonctionne dans les deux sens. 
Non seulement le bébé s'attache au visage de son parent 
mais le contact visuel aide la mère 
à s'attacher au visage de son enfant. 
Cet échange à courte distance 
établit un lien dès l'instant 
où la mère prend l'enfant dans le creux de son bras. 
Comme par miracle, 
entre son visage et celui de son petit 
douillettement blotti contre elle,
 il y a 20 à 30 centimètres, 
la distance même à laquelle le nouveau-né 
est capable de fixer son regard.


Le bébé révélé, Calmann-Lévy, 1993, p. 58

Desmond Morris



« Je voudrais adresser 
une pensée spéciale à vous, 
femmes qui avez eu recours à l’avortement. 
L’Eglise sait combien de conditionnements 
ont pu peser sur votre décision, 
et elle ne doute pas que, dans bien des cas, 
cette décision a été douloureuse, 
et même dramatique. 
Il est probable 
que la blessure de votre âme 
ne soit pas encore refermée. 
En réalité, ce qui s’est produit a été 
et demeure profondément injuste. 
Mais ne vous laissez pas 
aller au découragement 
et ne renoncez pas à l’espérance. 
Sachez plutôt comprendre 
ce qui s’est passé et interprétez-le en vérité. 
Si vous ne l’avez pas encore fait, 
ouvrez-vous avec humilité 
et avec confiance au repentir : 
le Père de toute miséricorde vous attend 
pour vous offrir son pardon et sa paix 
dans le sacrement de la réconciliation. 
Vous vous rendrez compte 
que rien n’est perdu 
et vous pourrez aussi 
demander pardon à votre enfant 
qui vit désormais dans le Seigneur. 
Avec l’aide des conseils 
et de la présence de personnes amies compétentes, 
vous pourrez faire partie 
des défenseurs les plus convaincants 
du droit de tous à la vie 
par votre témoignage douloureux. 
Dans votre engagement pour la vie, 
éventuellement couronné 
par la naissance de nouvelles créatures 
et exercé par l’accueil et l’attention 
envers ceux qui ont le plus besoin 
d’une présence chaleureuse, 
vous travaillerez à instaurer une nouvelle manière 
de considérer la vie de l’homme. »


Encyclique « Evangile de la Vie » §99
Jean-Paul II 1995
 

En forme de lettre ouverte à Robert Badinter et à tous les avocats  qui, à l'image d'Eric Dupont-Moretti ou d'Elise Arfi, ont à coeur de défendre des causes semblant perdues d'avance, à vue humaine, mais qui, tenant bon, finissent par obtenir gain de cause. 

Ajout en mai 2018 : lettre ouverte à destination, également, de tous ceux qui pourraient désespérer de voir aboutir une abolition fortement démentie dans les faits, et encore tout récemment (mai 2018) en Irlande du sud où il semble que les défenseurs de la vie en son commencement aient perdu la bataille du référendum. Cette défaite accueillie sur un mode quasi hystérique par ceux qui ne voient l'avortement que sous l'angle du droit de se débarrasser d'un plus petit que soi n'augure pas d'une victoire définitive de la permission d'achever en soi ce qui devrait être considéré comme le plus précieux : viendront des temps nouveaux qui bousculeront les certitudes de cette engeance de mort.

Ajout du mois d'août 2018 : le Sénat argentin repousse une tentative d'instaurer l'IVG au coeur d'un pays sachant encore résister à la déferlante qui tente de s'abattre sur les jeunes pousses.


Avertissement : la tribune qui suit ne vise pas à dénoncer des maux dont chacun peut faire l'expérience. Dénoncer peut être utile, certes, mais il s'agit surtout de parvenir à comprendre pour ouvrir toute grandes les portes de la compassion et de la Miséricorde à qui s'en croirait exclu ou dispensé ; pour montrer aussi qu'il est possible aujourd'hui d'oeuvrer autrement et, en particulier, dans le champ politique.

Affirmer que l'avortement est un crime c'est, ipso facto, tendre un doigt accusateur vers qui le commet ou le réclame au moment même où l'information est reçue par cette personne. Qui d'entre nous peut se permettre d'accuser l'autre sans se regarder lui-même et considérer ses propres fautes ? Personne en vérité.

Que celui ou celle qui se sentirait accusé(e) ou jugé(e) en lisant ce qui va suivre ne se sente pas condamné(e) : dans le climat d'anesthésie générale où nous plonge l'IVG, le rappel de l'abomination de l'avortement détonne et fait mal comme tout rappel d'une vérité dérangeante blesse chacun d'entre nous.

Après réflexion, cette blessure d'amour propre et le sentiment d'être coupable, que sont-ils par rapport à la mort d'un tout petit ? Presque rien et de cette blessure, au fond minime, peut enfin jaillir une lumière qui donnera à l'enfant disparu la reconnaissance légitime dont il n'aurait jamais dû être privé.

Le rappel de l'abomination de l'avortement est thérapeutique. Il n'équivaut pas à une condamnation. Il doit permettre de guérir d'une blessure immense, ouverte depuis des années parfois, ainsi que de tous les symptômes et de tous les maux consécutifs à la perte d'un enfant. Thérapie de choc qui peut être très douloureuse dans l'instant, ce rappel joue un rôle essentiel dans la prévention, avant même qu'un bras armé s'en prenne à un plus petit que soi.

Au bout du compte, ce rappel n'a pas d'autres fins que de sauver des vies, celle d'une mère qui attente à la sienne en s'en prenant à l'enfant, celle d'un enfant qui pourra voir le jour malgré des circonstances adverses et celle d'un enfant trop tôt disparu qui risque de rester bloqué dans les douleurs du ressentiment et même de la haine.


Où nous développons la figure de proue du projet France 2022 et l'un de ses fers de lance : l'abolition de la peine de mort pour les tout-petits en gestation. Où il s'agit de comprendre, sans verser dans la caricature ou l'anathème, comment nous sommes passés d'une loi de dépénalisation de l'avortement (et non pas d'un droit de tuer) à un droit soi-disant intangible, "droit" à l'avortement que nul ne pourrait plus contester sans être pris à partie violemment, taxé de conservateur  infâme, de sans-coeur ou de fou furieux, insulté et désigné à la vindicte populaire.

Sujet majeur trop souvent oublié, occulté et même habilement dissimulé par ces hochets que l'esprit du Malin agite en place publique afin de détourner l'attention de ceux qui engagent  toutes leurs forces dans des combats secondaires où ils épuisent l'énergie considérable requise pour un combat primordial : sortir de plus de quarante années d'un suicide collectif. Sujet à propos duquel les polémiques font rage alors qu'il y a tant à faire pour découvrir ce qui est en jeu et pour remédier à une situation des plus dramatiques dans laquelle l'avortement révèle un malaise profond de la société française, met en lumière des dysfonctionnements majeurs et signale, à qui veut bien les entendre et les voir, une multitude de pauvretés radicales.

Sujet brûlant depuis la nuit des temps puisque, à chaque époque de l'histoire des hommes, le monde des adultes a manifesté, par bien des égarements, son incompréhension totale à l'égard de la natalité et des chances que représente toute nouvelle pousse humaine. Il est bien triste de constater que notre époque, plus qu'aucune autre, ne sait plus se réjouir et rendre grâce pour tous les dons reçus jour après jour et, parmi tous ces dons, pour celui de la naissance d'un enfant, le don par excellence que les Ecritures saintes ne cessent de nous inviter à célébrer.

Sujet qui doit permettre un jour de réconcilier juifs et chrétiens entre eux, avec les musulmans et avec toute personne de bonne volonté, selon la grande tradition que le judaïsme a ouvert pour l'humanité tout entière, cette perle de sagesse qui propose à chaque père d'enseigner les voies du Salut à ses fils et qui, au-delà de cette tâche essentielle, invite chaque famille humaine à redécouvrir sans cesse les joies de la paternité et de la maternité au milieu même des vicissitudes les plus noires. 

Héritiers et légataires d'une tradition qui a subi pour venir jusqu'à nous le martyre le plus effroyable (la Shoah), comment pourrions-nous rester insensibles à l'appel pressant de tous ces petits en gestation qui ne demandent qu'à vivre et à nous combler ? A nous émerveiller par leur présence remuante, bien sûr, exigeante, cela va sans dire, mais ô combien joyeuse et tonifiante !

En schématisant le problème, nous pourrions dire que l'IVG a aujourd'hui remplacé, en France et dans les pays qui ont "légalisé" l'avortement : l'abandon (voir "The Kid", merveilleux film de Charlie Chaplin sur ce thème) ; l'exploitation et le meurtre des enfants ou encore les prises de risque insensées imposées à la jeunesse par l'enrôlement dans des combats imbéciles pour des "sacrifices" aux idoles de l'humanité, ces inepties partagées par tous les barbares de la terre et tous les impies au milieu desquels le petit reste d'Israël s'est distingué par un souci extrême de l'éducation de ses enfants au rebours des conceptions insensées qui ont présidé aux massacres des saints innocents pendant des siècles ou aux négligences coupables dont souffrent encore des millions d'enfants dans le monde.

Parmi les voies possibles pour atteindre l'objectif d'abolir la peine de mort pour les tout-petits en gestation : interdiction de l'IVG, non remboursement de l'acte chirurgical, retour aux dispositions initiales de la loi Veil, pénalisation d'un praticien de l'avortement, interdiction de la production, de la vente et de l'usage des poisons abortifs, ..., le projet France 2022 privilégie celles de la pédagogie et de la réforme profonde de la vie politique française, les voies qui peuvent sauver, une à une, toutes les vies en danger de mort corporelle et spirituelle sous l'effet d'un marasme sans précédent de la société française et, plus largement, d'une démission d'une certaine Europe dans la défense des droits les plus élémentaires au bénéfice d'une promotion de "droits" - et même de privilèges - secondaires et non vitaux ou pire encore : au bénéfice de quelques intérêts privés très puissants.

Il s'agit maintenant, ni plus ni moins, de retrouver le chemin d'une véritable défense de la France et de l'Europe (et par répercussion aussi des pays dits "en voie de développement") égarées sur des sentiers sans issue et des voies meurtrières : règne en ce moment en Europe une fausse paix d'où la guerre paraît exclue alors que dans de nombreux lieux dit de santé, publics ou privés, une nouvelle guerre est déclarée contre ceux qui n'ont plus le droit de vivre et qui ne disposent d'aucune armée pour les défendre ; contre ceux qui ont réchappé au désastre de l'IVG et qui se trouvent sans cesse attaqués ou agressés dès leur plus jeune âge par des petites officines clandestines ou par de "grandes" industries sans scrupules, ces groupes gigantesques qui tiennent une partie du personnel politique comme une partie du monde des experts scientifiques et ne raisonnent plus qu'en terme de profits immédiats et juteux : les uns proposent la médicalisation à outrance de la petite enfance ; d'autres détruisent les fondamentaux de l'école ou la sabotent par l'introduction d'idéologies sans appareil critique ; d'autres font passer les droits des criminels avant ceux de leurs victimes passées ou à venir ; d'autres encore fabriquent des denrées sans aucun intérêt nutritionnel (*) mais plaisantes au goût atrophié, déformé ou  formaté (voire à ce sujet l'enquête édifiante de Jean-Baptiste Malet : "L'empire de l'or rouge" aux éditions Fayard) ; d'autres inondent notre jeunesse de stupéfiants aux effets désastreux qui vont jusqu'à déborder les capacités de diagnostic de nos urgences médicales ; d'autres enfin approvisionnent largement les soirées étudiantes d'alcools toujours plus dangereux et doucereux tandis que d'autres s'évertuent à minimiser les risques encourus par notre jeunesse.

(*) Sinon l'intérêt nutritionnel que tentent de faire admettre à toute force, par un travail d'influence acharné, les géants du secteur ... (En l'occurrence, pour l'exemple cité de la tomate d'industrie, la présence  et les bienfaits du lycopène).

Ne pas se joindre au concert de louanges qui entoure le décès de Simone Veil, c'est prendre le risque d'être l'objet d'une indifférence polie, d'une fureur, d'une haine et d'un déchaînement de passions. Qu'importe ! Simone Veil a eu l'audace de faire front pour défendre un texte voulu par un autre et qui instaurait une peine de mort légale pour les tout petits même si son intention première n'était pas celle-ci. Elle fut attaquée de manière ignominieuse et elle réussit à tenir bon. Il serait étonnant qu'un combat en faveur des tout petits, mené de façon sereine mais déterminée, échoue malgré tous les obstacles prévisibles qui s'annoncent. Oui, qu'importe ! Sauver un seul enfant du couperet de l'IVG vaut bien de prendre tous les risques, y compris celui d'être insulté, calomnié ou malmené voire torturé.

Parler de "peine de mort" fera bondir certains, ceux qui refusent d'envisager la question de l'avortement sous cet angle. Ils ne voient dans l'IVG qu'un progrès mais si cette nouvelle disposition juridique a en effet permis de mettre à mort des tout petits en évitant une partie des abominations qui accompagnaient ce meurtre avant l'IVG, cette nouvelle disposition a aussi perpétué un geste désespéré qui n'a pas lieu d'être dès lors que toute femme tentée d'avorter prend conscience de ce qu'implique un tel geste pour elle, pour son enfant, pour ses proches et pour toute l'humanité. En faciliter l'exécution ne le rend pas plus acceptable et n'élimine aucun des problèmes qu'il était censé résoudre. Au contraire, cela ne fait qu'aggraver la situation de toute femme en détresse puisque refuser d'accueillir une nouvelle vie, même dans des conditions très difficiles, expose à de multiples dangers et finit par engendrer des souffrances insurmontables à vue humaine.


Dans la suite de cette tribune, nous étudions l'avortement d'un triple point de vue annoncé dans une tribune antérieure : l'avortement comme cause, conséquence et signe. Autrement dit : 

- l'avortement et ses significations ou l'avortement comme symptôme, phénomène et révélateur ;


- l'avortement et ses causes ou l'avortement comme point final et bras armé d'un lent processus de destruction ;

- l'avortement et ses conséquences ou l'avortement comme déclencheur d'une cascade de problèmes qui paraissent insolubles.


D'innombrables significations sont liées au meurtre de l'enfant encore en gestation. Il n'est pas question ici de toutes les recenser. Il suffit de relever celles qui permettront, un jour prochain, de revoir de fond en comble les politiques françaises dans de multiples domaines : financier, fiscal, économique, social, culturel, éducatif, artistique, industriel, artisanal, scientifique ... 

L'inventaire brut des significations de l'avortement n'aurait aucun intérêt s'il n'était assorti de développements (ici, en caractères de couleur bleu) permettant au lecteur de saisir l'esprit qui anime leur mention et de découvrir quelques pistes de réflexion ou d'action selon des orientations tout juste esquissées puisque le projet France 2022 ne s'attache pas à des solutions toute faites mais propose seulement des ébauches de chantier donnant du grain à moudre au débat parlementaire. 

Le projet France 2022 ne manque pas aussi de semer, ça et là, quelques idées, a priori incongrues, soit pour donner un os à ronger aux adversaires impitoyables dont l'intelligence quelque peu sclérosée et embrumée a besoin d'être secouée ou dépoussiérée soit pour stimuler la créativité des lecteurs à l'intelligence vive, rebelle, souple et capable d'obéissance ! Ces derniers sauront produire un miel de qualité en butinant les fleurs qui s'épanouissent tout au long du chemin parcouru par la rédaction du projet France 2022 et de tout projet faisant droit aux malheureux sans défense.




 
Voici quelques-unes des significations de l'avortement :

1. L'être humain perçu comme superflu, comme marchandise, comme jouet et comme déchet dans un monde détraqué (depuis longtemps) où l'homme prétend agir en être raisonnable et supérieur au risque de l'ignorance crasse et de la méconnaissance des trésors d'ingéniosité que recèlent les systèmes naturels et, a fortiori, le monde surnaturel.

Rappeler cela n'est pas céder à la mode consistant à croire puis à dire que tout va de mal en pis. Au contraire, le monde contemporain, à bien des égards, manifeste d'innombrables progrès et pas seulement d'ordre technique. 

Des enfants sont tués, des tout-petits sont assassinés avant leur naissance depuis la nuit des temps. L'avortement n'est pas un phénomène récent mais, pour la première fois dans l'histoire des hommes, plusieurs Etats sont devenus complices de ces meurtres et, ce faisant, ont porté un coup fatal à l'édifice du droit positif tout en dégradant fortement l'office des professions médicales et, plus largement, l'office de ceux qui sont en charge d'un service ou d'un bien public. Dégradations qui s'étendent désormais à tout le corps social et créent d'innombrables perturbations dont les effets se feront progressivement sentir mais qu'il est possible d'anticiper dès maintenant - et même de constater déjà - pour éviter une série de catastrophes et de violences ingérables : quand le bois vert est mal traité, qu'en sera-t-il du bois malade ou mort ? Que deviendront les personnes âgées sans soutien et, d'une manière générale, tous ceux qui seront jugés hors-course dans un monde lancé à pleine vitesse ?


2. L'avortement puis l'IVG sont les signes d'une perte radicale du sens de ce qui est bien et de ce qui est mal, soit dans l'absolu, soit dans un contexte donné. Ainsi, la mise à mort d'un être humain sans défense est-elle toujours un crime odieux et monstrueux en dépit de toutes les pâles dénégations de ceux qui ont perdu le sens du vrai bien et des intérêts de toute femme enceinte. Et l'abomination ne s'entend pas seulement des modalités de son exercice : le meurtre "propre" d'un être sans défense reste un meurtre de la pire espèce.

L'affirmer comporte, certes, un risque de plainte, de refus et même de colère de la part de ceux qui l'ont pratiqué, de ceux qui ont eu recours à ce meurtre ou de ceux qui promeuvent outrageusement son emploi mais il y a pourtant un abîme entre le rappel d'une vérité qui dérange et la mise en oeuvre d'un châtiment. En l'occurrence, d'ailleurs, une loi juste n'aurait aucune sanction à prévoir contre la mère de l'enfant recourant à l'avortement : son geste seul a de telles conséquences néfastes pour elle qu'il serait idiot et criminel d'en rajouter. Le jour où toute femme enceinte comprendra qu'il est dans son intérêt de garder son enfant et d'enfanter, même lorsque sa propre vie est en danger (ce qui est aujourd'hui en France devenu exceptionnel contrairement aux époques antérieures durant lesquelles la mortalité des femmes en couche était élevée) et a fortiori quand sa vie ne l'est pas, l'IVG deviendra exceptionnel. L'enfant est en effet le plus sûr rempart pour sa mère : quand elle est sans époux ou sans compagnon stable, il la protège dès son plus jeune âge. C'est pour elle le plus sûr moyen de ne pas devenir la proie d'un homme sans scrupule qui ne songerait à la séduire que pour profiter de ses charmes ou de ses atouts tandis que déjà mère, elle n'attirera en pleine connaissance de la situation qu'un homme prêt à devenir le père de son enfant. L'attitude qu'adoptera un homme à son égard sera le plus souvent d'autant plus significative de son amour authentique qu'elle sera déjà mère et non pas l'inverse. Se priver d'un enfant, choisir la mort irréversible pour une femme c'est se mettre beaucoup plus en danger qu'elle ne l'imagine ou que de faux amis le lui laissent croire. Quant à la situation des femmes qui ont déjà des enfants, aucune raison ne justifie, en vérité, de mettre à mort le plus jeune de la fratrie. Ce serait priver toute la famille d'un rayon de soleil, d'une lumière jaillissante capable de dénouer les noeuds des situations d'apparence inextricable. C'est l'un des sens magnifique de l'histoire du Petit Poucet : l'ingéniosité du plus petit sauve toute la fratrie.


3. L'IVG est le signe de l'arrogance de la grande ville ou de la métropole, l'arrogance de celle qui pense pouvoir s'en sortir en méprisant la province, les campagnes ou ses territoires limitrophes et en bradant des richesses patrimoniales patiemment construites au fil des siècles en France. La date de l'instauration de l'IVG en France est significative : elle correspond au point de bascule à partir duquel les villes s'affranchissent de leur dépendance à l'égard des territoires agricoles. Affranchissement programmé et seulement retardé par les deux guerres mondiales.

Pendant la seconde guerre mondiale, surtout, les campagnes sont un refuge pour tous ceux qui souffrent de l'Occupation, en particulier les enfants. Les villes vont payer un très lourd tribut à la barbarie qui s'est emparée de l'Europe et même connaître des destructions massives. En se relevant du chaos en France, elles vont oublier tout ce qu'elles doivent aux campagnes. Avant guerre, elles offraient déjà un confort bien supérieur mais elles ne pouvaient pas encore se passer totalement des contributions de la campagne. Avec l'avènement d'un commerce de plus en plus ouvert et en raison des progrès fabuleux (mais aussi dangereux ou problématiques) de la production agricole, des transports et de la logistique, les villes ont perdu le bon sens de l'économie primaire : celui qui n'oublie pas la nudité de l'homme et la satisfaction de ses besoins les plus élémentaires. Certes, la grande ville a d'innombrables raisons de s'enorgueillir. Elle offre tellement de distractions ! Tant de confort et de facilités pour qui a les moyens de profiter de ses avantages mais voici où le bât blesse : en offrant tout, ou presque, elle donne l'illusion que ce confort serait indispensable et, pire encore, que l'enfant à naître en sera privé s'il s'annonce dans des conditions qui font douter de l'avenir. En promettant monts et merveilles, la grande ville blesse le regard des plus fragiles : elle les rend beaucoup plus vulnérables aux aléas de l'existence et beaucoup plus rétifs à prendre quelques risques dont celui de mettre au monde un enfant. Le drame, en France, c'est que cette peur-là a fini par s'étendre à l'ensemble de son territoire, dans tous ces lieux qu'une république profondément désorganisée a peu à peu abandonnés aux lois de la jungle ou livrés à eux-mêmes sans la moindre possibilité de s'ouvrir au reste du monde en ce qu'il a de meilleur.


4. L'IVG manifeste une peur viscérale du lendemain, peur répandue sur toute la terre mais qui tourne là au désastre : la suppression d'une promesse de vie, promesse toujours accompagnée, pourtant, de ce qui doit lui permettre de subsister et de s'épanouir pour peu qu'aucune mauvaise volonté ne vienne contrecarrer les desseins bienveillants de la Providence. 

Chaque enfant apporte avec lui les ressources dont il aura besoin et, parfois, d'une façon tout à fait inattendue, pour peu, là encore, que nous sachions ouvrir les yeux et entendre le message dont il est porteur. Le supprimer avant terme, c'est refuser d'entendre la voix qui nous entraîne dans une nouvelle direction et peut nous conduire, si nous y consentons,  vers un plus être. Accepter les remises en cause qu'engendre une promesse de vie ne retire rien à ce que nous sommes mais nous donne de fructifier au-delà de ce que nous avions imaginé. Ce qu'elle va élaguer en moi, en nous, n'est pas une perte : il s'agissait de branches mortes qui m'empêchaient, qui nous empêchaient de recevoir la lumière.

5. L'IVG est donc aussi refus d'aller de l'avant, de larguer les amarres, de rompre avec une part de moi-même, de nous-mêmes pourtant bien encombrante : toutes ces choses qui me tiennent captive ou esclave. 

Refuser la naissance qui s'annonce ne m'enfermera pas seulement dans le remord mais dans une conception étroite de l'existence : une vie qui devrait se dérouler selon un plan très précis et ne jamais s'en écarter ; une vie qui devrait répondre à des impératifs de consommation qui mettent pourtant à mal l'organisation merveilleuse du donné naturel et en particulier du corps humain ; une vie qui a tous les atours de la fantaisie, de la drôlerie et de la séduction mais qui ne cesse de virevolter pour n'offrir aucune prise aux drames du temps présent, aucune main tendue à qui est en train de vaciller.

Une fausse conception de l'enfantement et de la maternité les tient pour des esclavages. Selon ce point de vue, l'avortement serait l'un des moyens d'échapper à la servitude mais où se trouve le gain ? A l'aridité de tâches domestiques pourtant grandement facilitées à notre époque par un confort sans précédent, qu'avons-nous substitué ? Combien de femmes aujourd'hui vivent écartelées entre une situation professionnelle de plus en plus stressante et les appels désespérés de leurs enfants qui se sentent laissés pour compte d'une course aberrante qu'un féminisme mensonger a lancée sous prétexte de revanche et d'émancipation ? Combien de nourrissons qui pourraient être sereinement allaités se trouvent privés de la seule nourriture qui leur convient vraiment au profit de préparations qui engraissent quelques mastodontes agro-alimentaires et, par répercussions, une médecine qui a perdu le simple bon sens d'une hygiène de premier ordre ? Et tout cela pour rester dans le coup de joutes professionnelles où la femme, mais aussi l'amour conjugal et les familles, ont beaucoup à perdre.


6. Il n'est pas surprenant que l'IVG soit apparu à un moment de l'histoire des hommes où l'avènement des calculateurs a pu nous faire croire que nous serions désormais en mesure de tout programmer, de tout prévoir. 

Voici qu'un tout petit, haut comme trois pommes de l'Everest, vient nous prouver le contraire. Il vient défier toutes nos précautions et défaire la pelote de nos intrigues. Il nous révèle que nous restons vulnérables. Mérite-t-il la mort pour autant ? Et si nous acceptions sereinement cette leçon de vie, le message dont est porteur l'enfant qui s'annonce ? A qui désire connaître un bonheur authentique, ce messager de l'invisible n'enseigne aucune recette miracle. Il ne propose aucun remède utopique. Il invite à l'oubli de soi, d'un soi qui risque, à tous moments, de se replier sur lui-même et de s'enfoncer dans l'égoïsme ou l'individualisme le plus noir. Il invite aussi au déploiement de la part la plus secrète de notre être : un coeur capable de vibrer et de s'émerveiller, un coeur qui se réjouit d'être pris au dépourvu et d'avoir à se tourner vers autrui pour ne pas rester seul(e). 

L'enfant qui s'annonce est l'une des plus belles réponses à notre besoin fondamental d'ouverture aux autres. Il le fait en sollicitant la meilleure part qui soit en nous : notre capacité à prodiguer un amour inconditionnel et sans limite spirituelle. Le drame de l'avortement est dans la prise d'une décision qui n'a pas tous les éléments en main car je ne peux jamais savoir à l'avance si je serai une bonne ou une mauvaise mère, un bon ou un mauvais père pour cet enfant qui s'annonce : tant que sa présence n'est pas encore palpable ou tangible, mes capacités d'amour parental sont comme en sommeil. C'est lui qui va les éveiller, c'est lui qui va leur permettre de s'exprimer comme le rappelle admirablement Desmond Morris dans le texte placé en avant-propos de cette tribune.

Avorter c'est prononcer un jugement sur une affaire qui n'a pas été instruite car je ne puis jamais savoir comment je serai mère, comment je serai père avec cet enfant-là si je n'en ai pas eu d'autres auparavant et même si je suis déjà parent : chaque enfant éveille en moi des qualités nouvelles et insoupçonnées ; chaque enfant entraîne par sa naissance une reconfiguration dont je ne peux imaginer à l'avance tous les paramètres, tous les tenants et tous les aboutissants.


7. L'IVG est encore signe d'ignorance au sujet du travail extraordinaire qui s'accomplit au coeur de toute femme enceinte et lui donne un nouveau regard, riche de sens, sur les réalités de notre monde et, en particulier, sur le plan professionnel comme sur les plans domestique, amical, économique ou spirituel. Tout entrepreneur intelligent devrait remarquer qu'une femme enceinte peut contribuer puissamment à mettre bon ordre dans une organisation bancale : ce qui s'accomplit en elle lui donne de voir les choses avec beaucoup plus de justesse et de proposer des voies de progrès auxquelles nul n'avait pensé jusque-là.

La maternité n'est donc pas un empêchement au travail (intelligemment aménagé) des femmes. Bien au contraire, elle leur donne une grande supériorité en certains domaines. Aux hommes intelligents et bons d'en découvrir les meilleurs terrains d'expression ! Toute politique en faveur de la vie devrait s'efforcer d'aménager très soigneusement le temps de travail des femmes enceintes et d'en affiner les modalités. De même pour les mères de nourrissons et d'enfants en bas étage. Il y là un vivier formidable de redistribution des tâches et même de lancement de projets au sein des entreprises et des associations françaises.

Une simple suggestion pour lecteur audacieux : intégrer toute femme enceinte à la direction générale de son entreprise ou de son association le temps de la gestation et le temps de l'allaitement ! Pour tout lecteur moins magnanime ou plus sceptique : associer toute employée enceinte et allaitante aux projets en cours en lui confiant des tâches de conception et d'organisation (en vue de renforcer la composante adhocratique de l'organisation). Pour tous les lecteurs : adapter le travail demandé aux capacités de chaque femme enceinte en tenant compte de la grande variabilité des situations. Certaines femmes se portent comme le pont neuf jusqu'à l'accouchement et se rétablissent à toute allure tandis que d'autres peinent dès les premiers mois. Dans tous les cas, éviter l'injure faite aux femmes enceintes ou allaitantes qui consiste à porter leur défection au titre de la "maladie" ! Dans tous les cas, faciliter leur travail afin que rien ne vienne perturber gravement ce qui s'accomplit de prodigieux en elles ou à leurs côtés.

Ajout de mai 2019

Pour aller plus loin : interview de Marine de Poncins par Ombeline Degermann sur Radio Notre-Dame le 14 mai 2019 (enregistrement) , fondatrice du cabinet de conseil "Les prodigieuses" et auteur du livre : « Co-naissance – enceinte, harmonieuse et active », paru aux éditions du Cerf. Voir le site : www.lesprodigieuses.com, "Grossesse et travail, le duo gagnant".

8. L'IVG révèle un dysfonctionnement majeur de nos économies : la naissance d'un enfant perçue comme charge et non comme ressource et même comme profit au sens noble de ces termes. Plus justement : un bienfait, une bénédiction d'une valeur inestimable, le don par excellence.

Il est grand temps de revoir les mécanismes de création de monnaie en France, en Europe et dans le monde. Tandis que sévissent des petits joueurs financiers qui ne songent qu'à créer de la fausse monnaie pour spéculer ou s'emparer de vraies richesses de manière indue et scandaleuse, l'économie la plus essentielle peine lamentablement, faute de financement. Non seulement elle peine à satisfaire les besoins les plus élémentaires de millions d'êtres humains mais elle peine encore à se transformer radicalement pour ne plus mettre en péril les écosystèmes aériens, terrestres et maritimes. Toute naissance doit devenir, dans une économie saine, l'un des moteurs clefs de la création de monnaie. De même que tout bien nouveau appelle son équivalent monétaire en pure création (ex nihilo), toute naissance doit devenir l'occasion d'une création de monnaie. Le parallèle fera bondir certains, même parmi ceux qui considèrent l'être humain comme une valeur marchande ! Il ne s'agit pas, évidement, d'aller attribuer un prix à la vie commençante. Il s'agit simplement de signifier que toute vie humaine est une richesse pour l'ensemble de la communauté et que ce bien le plus précieux, loin d'être un boulet, seulement une bouche à nourrir, une personne à éduquer, à instruire, ... est un trésor, une source de bénédictions pour ses parents et la société tout entière, un vecteur très puissant de travail, au sens le plus noble de ce terme. Plutôt que d'asseoir la création de monnaie sur l'endettement et sur la course en avant des crédits finalement non remboursables, mieux vaudrait la fonder sur la seule valeur inestimable : l'être humain et ... son environnement !



9. L'IVG revêt parfois une signification tout à fait erronée et même aberrante : un remède ou une réparation pour une gestation perçue comme un accident (de contraception par exemple).

Non, la gestation, "tomber" ( ! ) enceinte, "être engrossée ( ? ? )" ... n'est pas un accident ! Tout au plus un incident  : un événement qui va avoir une incidence plus ou moins forte sur ma vie et qu'il m'appartient d'accueillir comme une bénédiction, une chance offerte pour une transformation en profondeur de ma vie.

10. L'IVG est enfin la traduction "moderne" de l'acte sacrificiel par lequel une société humaine tente d'évacuer la violence en s'en prenant à une victime expiatoire, un bouc émissaire ainsi que l'a décrypté René Girard [voir par exemple : "La violence et le sacré" (version numérisée)].

Où l'on perçoit alors que l'IVG est foncièrement anti-évangélique puisqu'il s'oppose frontalement à l'abolition des rites sacrificiels qu'a inauguré le Christ en prenant sur Lui le poids de nos fautes, égarements et péchés. Le drame ici est que bien loin d'éteindre le feu des désordres de nos sociétés, l'IVG ne fait que l'alimenter de manière souterraine, insidieuse et radicale. L'IVG prépare ainsi de terribles explosions et soubresauts qui seront dévastateurs par leur ampleur et par l'effet de surprise qu'ils risquent de produire si nous n'y prenons pas garde et si nous renonçons à nous atteler à l'urgence du moment : abolir ce qui n'aurait jamais dû être institué. 


La liste des significations qui précède fait apparaître peu à peu les causes et les conséquences de l'avortement même s'il est parfois difficile de démêler l'écheveau de phénomènes imbriqués dont les origines se perdent dans la longue histoire de l'humanité ou dans le tourbillon des activités contemporaines. 

Nous essayons, ci-après, de clarifier la situation au risque de quelques redites : il peut arriver en effet que l'avortement soit à la fois la cause et la conséquence d'un même phénomène, le chômage par exemple. Mettre à jour de telles boucles cybernétiques est capital pour l'avenir de notre pays : les identifier permet de remonter plus loin dans les causes profondes du marasme actuel. De proche en proche, l'investigation conduit à repérer les plus grandes failles, tant du point de vue des structures en place, que des modes de fonctionnement ou encore des racines philosophiques qui les alimentent en puisant dans les bas-fonds de l'humanité plutôt que dans ses véritables hauts faits. L'analyse serrée des causes de l'avortement montrera aussi que l'IVG, bien loin de répondre de manière adéquate, ne fait qu'empirer les situations en aggravant les causes sous-jacentes.

Apparaît en filigrane la propension fort répandue d'occulter le beau pour mettre en avant le plus laid, à décréter que toutes les productions humaines se valent et qu'il appartient à chacun de choisir par les vertus d'un langage avarié ou trompeur ce qui mérite ou non sa considération, dût-il pour cela "rater la cible" c'est-à-dire "pécher" aussi gravement qu'il lui plaira ; dût-il pour cela ignorer sa finitude, défier ou camoufler la mort, nier l'existence d'un au-delà et d'un monde spirituel invisible (voir et entendre par exemple Bertrand Vergely sur ce thème (vidéo 5 min.)) ; dût-il encore y perdre sa liberté intérieure pour se rendre esclave d'une mode stupide, d'un gourou sans scrupules, d'une pseudo-science ou de n'importe quel piège dressé par un prédateur.


Plusieurs causes peuvent expliquer le meurtre de l'enfant encore en gestation. 

(texte provisoire en cours d'élaboration).

1. L'une des causes majeures de l'avortement tient au sentiment d'insécurité permanente qu'entretiennent tous ceux qui ont intérêt à nous rendre esclaves de ceci ou de cela et qui profitent des tensions actuelles pour alimenter le moulin du désespoir. Insécurité notoirement entretenue aussi par une progression constante en France de la pauvreté, de l'indigence et de la misère ; par l'abandon d'un peuple en péril et de territoires snobés par une pseudo-élite ignare, méchante ou imbécile.

Il faudrait ici préciser les termes de cette formulation volontairement large pour embrasser une multitude de causes mais une autre approche permet de ne pas s'attarder au détail des peurs censément connu par chacun dès lors qu'il prend le temps de s'arrêter quelques instants sous un regard bienveillant pour examiner ce qui le retient prisonnier au jour le jour (voir l'excellente enquête d'Anne Nivat à ce sujet : "Dans quelle France on vit"), ce qui le paralyse, ce qui le tient sous le joug de l'une ou l'autre PEUR (*) : l'approche par la question de la liberté intérieure ici admirablement mise en lumière par Simone Pacot (vidéo).

(*) A propos de nos peurs : Pierre-Henri Tavaillot (vidéo).

Au milieu de toutes les tentatives des uns et des autres pour me tenir en esclavage, sur qui puis-je compter pour me libérer en profondeur ?

Epineuse et vaste question ! dont la réponse appartient d'une part au politique, d'autre part à tous les corps intermédiaires de la nation et, en dernier ressort, à chacun d'entre nous.

En plaçant la question de l'IVG au centre des débats, le projet France 2022 n'entend pas du tout en faire un cheval (*) de bataille : des intérêts très puissants sont prêts à lui faire la peau séance tenante ! puisque l'IVG est non seulement la conséquence d'une peur lancinante et savamment entretenue mais elle en est aussi l'arme quasi secrète. 

(*) Dans un monde surarmé, y compris contre lui-même comme l'atteste en particulier l'avortement, un cheval est une cible de choix, une proie beaucoup trop facile pour tous les prédateurs affamés de victimes ou pour tous ceux qui, blindés contre la souffrance d'autrui, finissent par s'en repaître ou encore pour tous les mauvais chasseurs en mal de terrain de jeu.

L'IVG, elle-même, contribue grandement à aggraver la peur puisqu'elle va jusqu'à faire douter de la Miséricorde divine et, partant, de toute médiation humaine, de toute médiation juste et saine. 

L'IVG, à sa façon, répond : "tu ne peux compter sur personne pour t'aider et te libérer sinon sur une médecine devenue cinglée puisqu'elle te propose d'anéantir le fruit de tes entrailles avec la complicité d'un Etat voyou". 

Réponse affligeante et qui paraît vraiment telle dès que l'on accepte de s'arrêter un moment pour penser et pour réfléchir. Dans un moment d'extrême vulnérabilité, une femme seule, laissée à elle-même ou très mal entourée, finit par s'en prendre à ce qui devrait lui être le plus cher, la chair de sa chair. Et voilà qu'un Etat imbécile lui propose d'en finir au lieu de la protéger, elle et son petit ; au lieu de s'organiser selon des principes vrais c'est-à-dire capables d'assurer une véritable protection de ce qui est le plus fragile à l'image de tant d'espèces animales qui savent si bien le faire quand elles ne sont pas en captivité ! (*) Qui accepte de s'interroger à propos de l'avortement découvre un abîme de non sens voire d'ignominie et s'aperçoit que l'humanité s'est prise les pieds dans le tapis en instituant le droit de tuer un être humain en gestation.

(*) Petite parenthèse pour donner du grain à moudre aux étudiants en sciences politiques : "il faudrait, à propos de captivité et donc d'avortement, s'interroger sur le concept d'Etat-nation. Ne contribue-t-il pas, à sa manière, à tracer une prison de verre, les limites d'une cage qui nous rend tous fous ? A tuer nos tout petits comme si nous allions manquer de place, de nourriture dans un espace clos aux limites pourtant fictives puisque n'importe quel citoyen du monde devrait pouvoir s'installer en n'importe quel point du globe pourvu qu'il ne vienne pas déloger qui l'a précédé, pourvu qu'il ne prétende y implanter ses propres coutumes, religiosités, idéologies, ...".

Tout projet politique d'avenir en France doit aller au rebours d'une telle déréliction, d'une telle perte de l'intérêt de toute femme : non pas abolir la vie qu'elle porte en elle comme si de rien n'était mais l'aider vaillamment dans l'épreuve qu'elle traverse, épreuve qui peut aller jusqu'au sentiment et à la sensation physique d'un extrême abandon à l'image de ce que le Christ éprouve dans son corps et en son âme à Gethsémani lorsque sa peau se couvre de sang à l'approche de la mort ; jusqu'au transpercement d'un coeur maternel par ce glaive que brandissent, sur le mont Golgotha, un pouvoir politique et un pouvoir religieux dévoyés, unis pour le pire et, fort étrangement à vue humaine, pour la manifestation d'un Salut universel par la "folie" de la Croix du Christ.

L'enfant qui vient n'est pas là pour ajouter de la peur à la peur. Au contraire, il vient au monde pour apporter une assurance, pour délivrer un message de paix sur les champs de ruine de nos guerres fratricides et infantiles, de nos amours dévastés ou destructeurs, de nos rancunes tenaces et maladives. 

L'enfant ne vient pas sanctionner une inconduite. L'enfant n'est jamais une punition ! 

Au contraire : la présence du tout petit en gestation atteste qu'il n'était pas vain et stupide de se donner à l'autre, même dans un moment d'égarement, d'imprudence, d'imposture, de fausse certitude, d'incertitude évidente et manifeste ... toute situation qui résulte de cette faiblesse humaine que chacun de nous porte à la ceinture sans bien savoir comment s'en défaire.

Et quand l'enfant résulte d'un viol, cette horreur de la possession sans consentement, il n'a aucune responsabilité dans ce crime. Il n'a pas à en faire les frais. Le mettre à mort ne fait qu'ajouter une violence à une autre. 

Un Etat courageux s'interpose en ce cas extrême : en amont, par un combat incessant contre l'incitation pornographique qui transforme le corps de l'autre en jouet pour l'exercice d'une toute puissance maladive ; en aval, en faisant en sorte que le violeur assume ses responsabilités, prenne conscience de l'étendue de son crime sans jamais désespérer de la Miséricorde divine et d'une justice humaine qui respecte tout homme et qui ne se déshonore pas en bafouant le droit des victimes. 

Un Etat bien organisé, bien loin d'étouffer bêtement le fait religieux, qu'il soit d'obédience monothéiste ou qu'il puise dans les trésors philosophiques et spirituels de l'humanité, prend acte de la nécessité absolue d'un espace qui échappe au strict jeu de l'égalité parfaite et de la loi du Talion ; d'un espace où chacun apprend, peu à peu, à faire confiance sur parole et sans aveuglement c'est-à-dire sans renoncer à critiquer à bon escient et sans oublier de questionner en profondeur tout en restant capable d'écouter la réponse !

Victor Hugo : " Le hasard bavarde, le génie écoute ".


2. Une autre cause majeure de l'avortement : ERREUR et IGNORANCE conjuguées.

De multiples erreurs sur la mort, la vie terrestre, la vie céleste, l'enfer, le purgatoire, l'anthropologie ou la sexualité humaines ... tiennent chacun de nous dans une nasse dont il est difficile de s'extraire. 

Alors que les générations précédentes se préparaient à la mort comme passage vers un au-delà, nous avons tendance aujourd'hui à considérer la mort : 

   * comme une fin sans issue ;
   * ou comme un dénouement nécessairement heureux ;
  * ou comme un drame sans remède sinon celui de vivre aussi longtemps que possible en bonne santé en jouissant au maximum des facilités de confort disponibles. 

Ces trois conceptions erronées se conjuguent pour armer le bras de ceux qui se permettent d'en finir avec la vie d'un petit en gestation. Ils disent : "ce n'est pas encore un enfant, à peine plus qu'un néant et sa disparition le fait retourner au néant". Dont acte, n'en parlons plus. C'est comme s'il ne s'était rien passé. Terrible méprise en vérité qui explique qu'une IVG éludée, considérée comme quantité négligeable, finisse par resurgir en symptômes divers des années plus tard. Celui ou celle qui croit en un au-delà s'en sort par la deuxième conception : la mort comme fin nécessairement heureuse pour qui s'en va. Curieuse conception, en réalité, qui nie de multiples enseignements et révélations rappelant à qui veut l'entendre que la mort ne délivre pas de tout, ipso facto. En l'occurrence, on pourrait dire que l'innocent assassiné dans le sein de sa mère, paraît ne pas risquer grand-chose : quelles fautes aurait-il donc à expier pour les tenants d'un purgatoire ? C'est oublier que l'innocence en ce monde et dans l'autre n'affranchit pas de souffrir tant que le monde visible gît et vit dans les douleurs de l'enfantement d'un monde nouveau. 

Blaise Pascal : " Jésus sera en agonie jusqu'à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là".

Avant le terme eschatologique de la Création, nous participons tous aux épreuves du temps. Nul doute qu'un enfant rejeté, qui plus est par assassinat, éprouve déjà la douleur d'être oublié par sa mère et son père, d'être considéré comme quantité négligeable. Pour comprendre cela, il suffit d'avoir ressenti une fois dans sa vie la peine de n'être pas regardé, pas entendu, pas accepté, pas compris, chahuté par des querelleurs, violenté par des persécuteurs ... Que peut comprendre un tout petit que l'on expulse du nid où il se trouvait si bien, soit disant "proprement" mais en réalité de manière parfois très violente, même dans un lieu médicalisé ?

La troisième conception : bien-être seulement terrestre comme horizon indépassable, contribue à faire basculer du côté de la mort tout ce qui pourrait, un jour ou l'autre, menacer mon "bonheur", mon épanouissement, mon confort ... ou plutôt une image indigente de ce bonheur. Le petit qui arrive n'était pas prévu, pas programmé, pas désiré, ... ,  il serait donc de trop. Il vient perturber mon équilibre, mes sécurités, mes arrangements, mon agenda, mon plan de carrière, ... , il serait donc de trop. Il s'annonce à l'heure où notre couple vacille et se délite, où notre famille traverse un moment pénible, ... , il serait donc de trop. Conclusion hâtive qui devrait toujours rester au conditionnel et ne jamais donner lieu à l'exécution sommaire d'un être sans défense dans un monde revenu de ses erreurs et de ses ignorances.

 

3. Aux peurs, erreurs et ignorances, ajoutons le développement d'une CULTURE où se mêlent LACHETES, ILLUSIONS, MENSONGES,  NON-DITS. Une culture que nous pourrions résumer à ceci : ce qui ne se voit pas n'existe pas  ( ? ).

Quand je ne puis m'en prendre à plus fort que moi-même pour rétablir mes droits, ma situation, mes prérogatives, ... vais-je tomber sans vergogne sur plus faible que moi ? Aujourd'hui et depuis plus de quarante ans, ce n'est pas telle ou telle femme qui est à mettre en cause. C'est une société tout entière. Vous et moi. Nous sommes devenus si lâches qu'il nous faut trouver un bouc émissaire facile pour nous libérer de nos angoisses et de nos phobies, de nos erreurs, de nos manques et de nos frustrations, de nos incohérences, de nos ingratitudes ... Quoi de plus simple que d'éliminer un être minuscule qui, n'étant pas considéré comme sujet de droit, n'a aucun moyen de s'en remettre au talent d'un avocat pour le tirer d'une situation désespérée ?

Cette culture de la lâcheté se retrouve à tous les niveaux en France quand plusieurs s'assemblent pour s'en prendre à un seul. L'avortement est l'exemple emblématique de cette lâcheté. Des casseurs, associés en bande de malfaiteurs, qui vont détruire le fruit du travail des commerçants et même la possibilité pour eux de pouvoir simplement vivre de leur activité. Des lâches d'une infamie totale. Des lycéens ou collégiens qui s'attaquent à un jeune isolé, à l'un des leurs, à un père de famille, à toute personne seule, à l'un de leurs professeurs. Des élèves qui harcèlent en groupe ou mènent la vie dure à un(e) enseignant(e). Un type armé jusqu'aux dents et ses acolytes qui tirent sur des passants, des spectateurs, des personnes attablées, ... 

(Vidéo du Père Michel-Marie Zanetti-Sorkine "Du Bataclan au Calvaire")

avant de se faire exploser ...

On dira : exemples rares (quoique non pour certains ...) et extrêmes. Des faits divers de la sorte nous choquent et nous scandalisent encore mais ... pour combien de temps ?

Les statistiques montrent qu'en France le nombre d'homicides a tendance à diminuer tandis que se multiplient d'autres exactions : toutes sortes de vol et de malversations qui dépassent les capacités d'intervention de la police, de la gendarmerie voire de l'armée. La violence meurtrière et manifeste est remplacée par une violence cachée et même voilée de bons sentiments : l'exécution jour après jour de tout petits dont personne ne parlera puisque ce massacre serait entré dans les "moeurs" du temps ( ? ). Et nous avons eu un "président normal". Si normal et si banal qu'il a profité de son bref passage à l'Elysée - Dieu et Jupiter soient loués de cette brièveté ! - pour aggraver la situation des femmes désespérées en ôtant les derniers garde-fous posés par la loi Veil.

L'illusion joue aussi un rôle non négligeable : dans une culture où les images se sont multipliées jusqu'à tenir lieu de réalité en lieu et place de ce qu'elles représentent, tout ce qui n'est pas vu ou visible n'existe pas. 

Ainsi arrive-t-il, par bonheur, qu'une simple échographie puisse sauver un enfant. Celui qui paraissait ne pas exister prend vie soudainement et l'IVG est enfin démasquée : non pas un acte banal et sans importance mais la suppression d'un être vivant dans des conditions peut-être parfaites d'un point de vue hygiéniste mais toujours ignominieuses sur un plan juridique et moral. Pourvu d'un corps en pleine expansion, l'enfant au stade embryonnaire est le siège d'une activité prodigieuse qui ne se laisse pas arrêter sans un traitement de choc.

Culture de la lâcheté et de l'illusion qui s'abreuve de mensonges subtils et de silences coupables. Ainsi tente-t-on de faire croire à la mère de l'enfant, fauché en plein développement, que l'IVG n'aurait pas de conséquences pour elle. Comme si l'arrêt brutal - et non pas la suspension ou l'interruption - d'un tel processus pouvait la laisser indemne et n'avoir aucun retentissement sur son propre corps, son âme, son esprit et son avenir. 

Arrêtons nous un instant pour répondre à ceux qui voudraient faire preuve de subtilité en distinguant "avortement" et "IVG" et qui souhaiteraient que l'on prenne soin de ne pas confondre "causes de l'avortement" et "causes de l'IVG". D'une part se demander : qu'est-ce qui engendre la volonté de mettre un terme à une grossesse ? D'autre part : comment en est-on arrivé à l'instauration de l'IVG ?

Le projet France 2022 prend ces deux questions à bras le corps car des réponses apportées dans ces deux directions dépend le relèvement de notre pays.

Les réponses à la seconde question (" Comment en est-on arrivé à l'instauration de l'IVG ? " ) font apparaître une lente dérive spirituelle qui aboutit au refus d'avoir à faire face dans la réalité (tout en s'en abreuvant dans les mondes virtuels) à la violence de type yang, celle qui ne prend pas de gant et en vient facilement aux mains, celle qui ne sachant pas argumenter ou parler est incapable d'entrer dans une dispute au sens premier de ce terme : joute verbale où la force mentale se déploie sans porter de coups physiques ; violence yang qui jette les peuples dans des guerres fratricides. Lente dérive spirituelle qui aboutit, en parallèle, au développement d'une violence de type yin, violence cachée, sournoise, dissimulée. Une violence beaucoup plus difficile à identifier et à sanctionner puisqu'elle fait tout pour être insaisissable. Violence yin si rusée qu'elle est capable de passer pour de la bienveillance, de la générosité ... Violences yang et yin qui opèrent à tous les niveaux et que nous retrouvons par exemple dans le sport : violence yang du spectacle où s'exprime le combat, l'exploit, la victoire ... ; violence yin des coups bas, de la corruption, du dopage, des tricheries en tout genre ... Voir, au sujet de ces deux types de violence, l'excellent ouvrage d'Olivier Clerc : "Le Tigre et l'Araignée". Ouvrage résumé par l'image synthétique qui suit :


Résultat de recherche d'images pour "le tigre et l'araignée"

Les réponses à la première question (" Qu'est-ce qui engendre la volonté de mettre un terme à une grossesse ? " ) font apparaître des données permanentes liées à la difficulté d'être père et mère à toutes les époques et des données conjoncturelles propres, par définition, à l'époque et aux circonstances actuelles.

Au premier abord, nous pourrions penser que seules certaines causes relèvent du champ politique. La thèse défendue ici tend, au contraire, à montrer que l'imbrication des causes est telle que le moindre fil tiré peut emporter tout l'ouvrage, soit dans le sens d'une délivrance soit dans le sens d'un désastre.

Enfin, pour les spécialistes de ces questions, il faudrait aussi distinguer différentes causes selon leur nature, à la manière d'Aristote. Distinction que nous retrouvons partiellement en français lorsque nous écrivons : "pourquoi" en un seul mot et "pour quoi " en deux mots. Autrement dit : pour quelles raisons d'une part (causes matérielle, instrumentale, ... d'Aristote) et pour quels buts d'autre part (cause finale d'Aristote).

Où l'on voit que le travail à faire n'est ici qu'à peine esquissé. L'enjeu est tel qu'il vaut bien qu'une armée de combattants héroïques se lèvent pour défendre femmes et enfants contre les brigands des temps modernes prêts à user de toutes les formes de violence pour s'imposer comme seuls êtres dignes d'occuper les espaces terrestre, maritime, aérien, médiatique, artistique, commercial, philosophique, religieux, spirituel ... 

L'enjeu n'est pas seulement chevaleresque car nous savons que toute violence de type yin finit par engendrer une violence de type yang (et réciproquement (**)). Il est fort à craindre aujourd'hui que tous les avortements pratiqués dans le monde finissent par dresser des peuples les uns contre les autres. Ces avortements innombrables sont en effet la cause de déséquilibres (*) démographiques puis géopolitiques qui ne manqueront pas, un jour ou l'autre, sauf changement radical de politiques, d'engendrer de terribles conflits. 

(*) Déséquilibres démographiques non seulement générationnels mais aussi d'identité sexuelle puisque, d'une part, les filles sont beaucoup plus victimes de l'avortement que les garçons à travers le monde et que, d'autre part, c'est toujours le corps de la femme qui est menacé par l'avortement. Sans jouer les futuristes de triste augure, il ne serait donc pas étonnant qu'un jour de nombreux garçons demandent à être transformées en femmes selon une volonté soit disant consciente, réfléchie et longuement mûrie mais, en définitive, dictée par un sentiment de culpabilité et par un désir de rétablir l'équilibre fondamental rompu par les avortements sélectifs. 

(**) De ce point de vue, il est clair que les horreurs de la violence yang des deux guerres mondiales ont fortement influencé l'émergence d'une violence de type yin, celle-là même qui a provoqué la mise en place de l'IVG par un pouvoir étatique corrompu et sa perpétuation depuis, malgré la folie destructrice qu'elle engendre. 

Il n'est donc pas indifférent que le responsable principal en France de cette forme d'agonie nationale ait choisi Simone Veil pour instituer l'IVG : témoin d'une violence sans précédent dans l'histoire des hommes, violence à la fois yang (bombardements, combats, ...) et yin (Occupation, déportations, camps d'extermination, ...), elle ne pouvait résister aux attraits d'une solution qui paraissait mettre un terme aux violences subies par les femmes dans les avortements clandestins.  Solution qui, d'évidence, n'a pas mis un terme aux violences subies par tous : hommes, femmes et enfants mais qui contribue à les aggraver comme nous allons le voir ci-dessous. 


Toutes les conséquences du meurtre de l'enfant encore en gestation donnent le vertige mais il est bon de s'y attarder pour bâtir une réponse solide et un projet politique qui remédie en profondeur à la situation calamiteuse qui prévaut en France depuis 1975. 



(texte provisoire en cours de rédaction)

Ici, nous avons distingué les conséquences de l'avortement et les conséquences de l'IVG.

Conséquences de l'IVG :

1. Après plus de quarante années, l'IVG ne fait qu'aggraver les conséquences de l'avortement en diffusant l'idée que l'avortement serait un droit sans aucune contre partie et sans aucun danger ! En paraissant nier la culpabilité qui s'attache censément au meurtre d'un innocent, que cela soit tu ou que cela soit affirmé, l'IVG rend un très mauvais service aux femmes : elle les prive d'une reconnaissance qui les aiderait à sortir victorieuses d'une terrible épreuve. C'est sans doute la conséquence la plus dramatique et la moins connue de l'IVG.

En faisant passer l'avortement d'un statut honteux au statut d'icône de la tolérance bon teint, l'IVG condamne de nombreuses femmes à ne plus connaître les voies d'un salut authentique, celui qui passe par l'humilité de se savoir fautif et débiteur, celui qui ouvre aussi les portes d'un appel à l'aide qu'une société sourde et aveugle ne sait plus percevoir. Du moins dans l'immédiat et, parfois, pendant de nombreuses années. Autant de temps perdu pour une conversion salutaire, celle qui vous donne de ne pas replonger aussitôt dans les mêmes erreurs et vous épargne de commettre des fautes encore plus graves. La banalisation d'un acte d'une extrême gravité porte préjudice à une multitude, tous ceux qui subiront encore les violences consécutives à un avortement non reconnu pour ce qu'il est : un acte barbare. De cette barbarie à visage soit disant humain qui fut heureusement dénoncée en son temps mais qui trouve là un accueil incroyablement favorable au prix de contorsions sans nom : toutes ces justifications insensées qui président toujours au meurtre d'un innocent.

2. L'IVG a peu à peu instillé une dose massive de mentalité abortive dans les esprits et ce qui aurait dû rester exceptionnel est devenu monnaie courante : en tuant un innocent, l'on achète une fausse paix au frais d'une société de plus en plus craintive parce qu'elle se trouve prise en étau entre les retombées d'un suicide collectif imposé à une société civile de plus en plus exsangue et  les répercussions de l'arrivée massive de migrants qui ont bien compris que la France offrait d'innombrables facilités inconnues ailleurs.

L'IVG contribue ainsi grandement à l'augmentation de peurs diffuses qui se consument dans la recherche d'un bouc émissaire facile et s'entretiennent devant le miroir déformant des médias en quête de tragique et de sordide. On a prétendu, par l'IVG, rendre l'avortement propre et nous reviennent en pleine figure les salissures d'un monde censément imparfait : toutes ces exactions, tous ses attentats, toutes ces guerres qui jettent hommes, femmes et enfants dans des camps de réfugiés, dans des embarcations de fortune ou sur des chemins jonchés de cadavres. Tandis que devrait nous affoler l'holocauste silencieux et caché de nos tout petits nous voici terrorisés par tous ces crimes qui fauchent aussi des vies, mais là dans le plus grand vacarme, pour nous intimider, nous effrayer et nous tétaniser. Dans un monde où l'homme et la femme ont toujours dû se tenir sur leurs gardes, nous voici donc alertés contre de faux dangers : un ennemi extérieur qui aurait décidé notre perte alors que ses méthodes même le disqualifient d'emblée. Au lieu de faire front ensemble, homme et femme, contre le pire ennemi, celui de l'intériorité et de l'intimité, qui a si bien "travaillé" que voici l'homme et la femme rivaux sur de multiples plans, le couple humain ne sait plus tenir dans l'épreuve et ne sait même plus se réjouir de l'arrivée d'un nouveau-né. (Thème développé ci-après au n°3 des conséquences de l'avortement).



3. L'IVG, en verrouillant les portes de la réconciliation et de la rédemption (heureusement de manière imparfaite tant la puissance, l'agilité et la fluidité de la grâce lui permettent de s'infiltrer dans les âmes les plus fermées), ouvre toute grandes les portes de la culpabilité morbide et de l'automutilation car aux consciences humaines endormies se substituent, sans crier gare, de multiples inconscients qui finiront par faire justice de ce qui reste un mal, de ce qui demeure illégitime en dépit d'une pseudo légalité de façade. Et c'est ainsi que toute femme ayant avorté, de la plus perverse à la plus innocente, se retrouve un jour où l'autre à souffrir de maux qui paraissent inexplicables tant que leur cause première n'a pas été mise en relation avec la disparition prématurée de l'enfant qu'elles n'ont pu porter jusqu'au terme de la gestation. En niant la responsabilité qui est la sienne, l'IVG agit contre les intérêts de la femme qui avorte : elle lui fait croire que la mort de l'enfant n'aurait aucun impact sur son avenir. Terrible mensonge qui peut l'handicaper pendant de nombreuses années et jusqu'à l'agonie. Même la femme la plus dévoyée n'échappe pas aux sanctions qu'elle finit par s'infliger pour se punir d'avoir un jour osé porter atteinte aux fruits de ses entrailles car aucune prescription légale ne saurait rendre légitime ce qui ne l'est pas et toute personne apprend un jour ou l'autre que certains actes sont d'une extrême gravité. Quand cette irruption de la vérité parvient à la conscience dans toute sa plénitude, comment tenir encore debout ? Comment ne pas se sentir soudain anéantie par le poids d'un remords que rien ne vient soulager ? En dehors de l'issue d'un pardon accordé et reçu, s'ouvrent les voies d'une autoflagellation d'autant plus violente que s'ajoute à la douleur du repentir l'épreuve d'une solitude extrême. Et chacun de nous fait l'expérience qu'il peut être, à son propre égard, d'une cruauté abominable sinon maladive et chronique.


Conséquences de l'avortement :

1. De multiples conséquences de l'avortement ont été déjà recensées dans notre lettre ouverte aux fonctionnaires français. Il s'agit des conséquences les plus immédiates et des plus évidentes sur lesquelles nous ne reviendrons pas ici pour nous intéresser à celles dont l'oubli a fait le lit de l'IVG.

2. Première conséquence majeure de l'avortement : le chômage.

Si l'on veut un jour faire cesser l'hémorragie qui ensanglante la France, le seul combat sur le terrain des droits ne suffit pas : sur ce terrain-là, s'affrontent les partisans des droits de la femme et ceux des droits de l'enfant. Combat de nouveau d'actualité pour la GPA (gestation pour autrui).

Tant que nous n'aurons pas pris conscience que c'est l'économie même de la France et son avenir qui sont en péril en raison de la mise à mort des tout petits en gestation, nous n'avancerons pas d'un pouce. L'alarme du chômage suffira-t-elle à nous convaincre ? Nous pouvons l'espérer .... à condition que la plaie du chômage ne soit pas "justifiée" par tous ces discours qui ne s'attachent qu'à des causes importantes mais secondes : indigence de certain(e)s politiques, mécanisation, informatisation et automatisation des tâches, concurrence mondiale, ...
 
2. Deuxième conséquence de l'avortement : l'hostilité de plus en plus marquée entre l'homme et la femme, d'une part, et entre les générations, d'autre part. Au bout du compte, l'hostilité contre toutes formes de médiation.

La femme abandonnée par un homme immature ou soudain inquiet à l'idée de devenir père ou dépassé par toutes sortes d'événements peut, certes, s'en prendre au petit qui s'annonce mais, ce faisant, elle ne fait que différer son amertume et son ressentiment. Un jour viendra où "ce con qui n'a pas su se retenir", "cet abruti qui n'a pas mis de préservatif", "cet enfoiré qui n'assume pas les conséquences de ses actes", "ce malade fâché avec ses parents, avec la paternité, avec l'autorité ..." ... resurgira en de multiples circonstances au gré de tel ou tel événement. Et ce que j'avais pensé éliminer en tuant l'enfant reviendra en boomerang dans ma vie, non seulement au centuple mais avec ce fond de culpabilité qui pointera mes propres incohérences. Ce que j'aurais pu résoudre dans l'épreuve en gardant l'enfant se présentera alors comme un sac de noeuds à défaire dans la pire des douleurs : celle qui vous laisse seule parce que nul autre ne semble capable de vous comprendre. En tuant l'enfant, j'avais cru bien faire et me voici harcelée par des remords, des maux physiques, des douleurs psychologiques qui me renvoient sans cesse à un passé où ce que je pensais résolu se révèle encore plus problématique aujourd'hui. A moins d'effectuer un travail de fond sous un regard bienveillant et en accordant du crédit à la Résurrection du Christ comme irruption de la grâce dans un monde en perdition, je vais me retrouver en butte à toutes sortes de contrariétés qui ne feront qu'accroître mes colères, mes peurs et mes échecs. Toutes choses dont je ne pourrai plus assumer la part de responsabilité qui me revient et pour lesquels il me faudra trouver un coupable : un père absent ou violent, une mère  abusive ou castratrice, un mari ou un compagnon déserteur, une enfance malheureuse, des collègues sans coeur, un propriétaire près de ses sous, un syndic incompétent ... En bref, tous ces chemins de travers qui m'éloignent de l'objectif prioritaire : relire ma vie dans la clarté bienfaisante d'une lampe qui n'assène jamais la vérité mais qui la propose à qui veut bien s'en approcher. Cette lumière d'une Parole qui ne condamne jamais mais qui affirme devant la meute des imprécateurs  : "Va et ne pèche plus", dans le plus grand calme et en prenant sur soi tous les risques puisque Celui qui ose ainsi s'interposer pour sauver la femme accusée d'adultère et condamnée à être lapidée prendra sur Lui la haine d'un monde, politique et faussement religieux, furieux et déchaîné.

3. Troisième conséquence de l'avortement (et de l'IVG qui a démultiplié le nombre d'avortements) : une immense perte d'énergie féminine, notamment dans la transformation d'un monde en perdition sur les plans économique, religieux, spirituel, intellectuel, professionnel, ...

Plus que jamais, le monde d'aujourd'hui a besoin d'énergie féminine, de volonté maternelle, d'intelligence relationnelle, de souci intelligent du détail, d'habileté manuelle, de dextérité et de vélocité, d'écoute aimante, d'haptonomie ... toutes qualités qui sont particulièrement développées dans l'univers féminin lorsqu'il est en bonne santé et que de nouvelles approches telles que la permaculture ou la promotion des métiers d'art tentent aujourd'hui de diffuser et d'instaurer au coeur de nos cités et sur tous les territoires abandonnés par une République qui prône l'avortement et le rembourse au lieu de le rendre exceptionnel en éradiquant ses causes les plus évidentes.

L'IVG et l'avortement saccagent l'univers féminin et nous font perdre les trésors d'une féminité sans lesquels le monde court à sa perte. Quand la féminité se trouve en berne, la masculinité l'est également, par contre coup. Nous voyons alors un grand nombre d'âmes erraient dans un no man's land sans repères, sans boussole, sans piliers, sans attaches.

L'IVG et l'avortement détruisent l'un des ressorts les plus profonds de toute vie épanouie : l'attachement. Cette force qui donne à chaque être dont le coeur en est imprégné une base solide, une rampe de lancement pour oser ensuite s'aventurer au-delà des limites que fixe tout attachement réussi, celui qui passe, notamment, par la proximité physique entre la mère et son enfant. En détruisant celui qu'elle porte, la femme se coupe radicalement de la source vive d'une féminité épanouie pour une féminité soi-disant émancipée qui, sous les apparences d'une vie libérée, cache en réalité une multitude d'entraves, d'esclavages et d'enfermements qui finissent par la détruire de l'intérieur avant de se manifester dans une démarche mal assurée, une parole déplacée, un sourire forcé, des attitudes ou des conduites révélatrices d'un mal être profond ou encore des addictions qui ruinent son existence.





Conclusion (provisoire) : prendre la défense des tout petits s'avère difficile et pourrait devenir périlleux dans une société française et un ensemble européen habitués à considérer l'IVG comme un progrès. Toute remise en cause de ce "progrès" est vite taxé de : retour en arrière, de conservatisme étroit, de non respect d'un droit acquis, ... arguments classiques de ceux qui ont peur d'entrer dans le vif du sujet. 

Il faut reconnaître que sortir d'une quarantaine d'années d'anesthésie générale et même de coma prolongé a de quoi impressionner et faire reculer d'effroi. Ne pas tenir compte de cette frayeur-là serait le plus sûr moyen d'échouer. Si nous ne sortons pas de cet état de léthargie, il est à craindre pourtant que notre réveil soit encore plus douloureux : la puissance de la vie est telle et celle de la vie naissante a fortiori qu'il est certain qu'une oeuvre de mort comme l'IVG sera un jour balayée par une histoire en marche qui élimine sur son passage tout ce qui contrarie son épanouissement. 

Aucune civilisation fondée sur la destruction (aujourd'hui massive) de jeunes pousses n'a de chance de tenir : elle s'écroulera sûrement puisqu'elle sape son avenir. Elle cédera nécessairement la place sur le territoire où elle s'est implantée à une nouvelle civilisation qui n'aura pas versé dans les mêmes égarements. C'est-à-dire, à vue humaine en 2017, non pas un islam jugé dangereux (alors qu'il est si fragile théologiquement et d'un point de vue simplement technique) mais un continent Africain dont la population part déjà à la conquête d'un monde endormi. 

L'Europe et la France, si elles persistent dans l'erreur manifeste de l'IVG, se transformeront radicalement : leur territoire sera peuplé par des hommes et des femmes qui respectent la vie de son commencement à son terme. Soit, à vue humaine, non pas une race blanche en train de se suicider mais une race de couleur, islamisée, christianisée ou païenne, qui ne se laissera pas berner par les programmes de limitation des naissances et les arsenaux au rang desquels l'avortement occupe une place scandaleuse.

Il est bon de préciser que ce n'est pas un argument de ce type - le remplacement d'une civilisation par une autre - qui anime en profondeur les intentions, les analyses et les propositions du projet France 2022. Aucune évolution prévisible, même jugée dangereuse par certains, n'est à même de convaincre des personnes farouchement attachées au "droit" de l'IVG. Il faut aller droit au coeur, fendre l'armure, faire tomber toutes les préventions si l'on veut obtenir une renaissance de l'Europe et de la France : célébrer la vie naissante à temps et à contre-temps, montrer jour après jour ce qu'elle a d'exaltant et combien je me prive de ses bienfaits quand je cède à la peur du lendemain. 

L'instauration de l'IVG a perdu le sens du bien en oubliant, en négligeant et en bafouant le courage multiséculaire des femmes qui ont préféré peiner pour les leurs plutôt que pour le gain illusoire de quelques honneurs ou plaisirs éphémères et sans buts car celle qui choisit d'abolir en elle la vie qu'elle porte ne s'épargne en vérité aucune douleur mondaine, corporelle, matérielle ou spirituelle. Elle ne fait, par ce geste, qu'en accroître le poids en y ajoutant le remords d'une vie brisée. 

Toute femme honnête vous avouera que se supporter elle-même est bien plus lourd que de s'occuper d'une progéniture ... même nombreuse ! Toute femme lucide s'aperçoit tôt ou tard que tout enfant a cette vertu : vous alléger du fardeau d'un ego qui tend à occuper une place démesurée dès lors qu'il n'accueille plus l'imprévisible et ne se réjouit plus de vivre dans l'incertitude. 

Entre "devenir la tombe d'un petit rejeté ou l'échafaud d'un innocent" et "demeurer le sanctuaire de la vie naissante ou le coeur battant de l'amour maternel", toute femme qui prend le temps de s'arrêter un instant et de ne pas se laisser influencer par ceux qui rejettent son mystère n'hésite plus : elle gardera cet enfant quoiqu'il doive lui en coûter parce qu'elle sait qu'en lui ôtant la vie elle risque d'y perdre son âme et son esprit, ses plaisirs les plus sains, ses joies les plus saintes et sa dignité.

Dans ce combat pour défendre son éminente dignité et pour répondre à sa vocation d'épouse et de mère, et donc de travailleuse infatigable, toute femme devrait trouver sur son chemin des hommes de plus en plus conscients des enjeux noués autour de l'avortement : par ce geste mortifère, toute la société se trouve ébranlée et tous les corps intermédiaires subissent de plein fouet la violence faite aux tout petits ainsi qu'à leurs mères. 

En se privant du trésor que représente la gestation d'une multitude d'enfants, le peuple français et l'Europe presque tout entière courent à leur perte et ne se relèveront que le jour où le plus grand nombre aura pris conscience du désastre en cours.

Dénoncer l'IVG ne suffit pas. Dénoncer peut même devenir contre-productif. D'autres voies sont possibles. D'autres voies peuvent enrayer l'hémorragie et l'hécatombe : défaire les noeuds que l'IVG a engendrés et suscités, encourager et soutenir toute femme enceinte comme tout foyer en attente d'un nouveau-né, célébrer toute naissance, admirer et défendre l'organisation inouïe des systèmes naturels, inventer de nouveau instruments politiques, économiques et financiers qui soient au service de la vie des hommes et non pas facteurs de tyrannie, de misère ou de mort. 

Dans un premier temps, nous concentrerons nos efforts sur la création d'une nouvelle monnaie fondée sur les plus récentes capacités techniques que l'informatique met à notre disposition. Non plus une monnaie assise sur la production de biens matériels mais sur la multitude des services qui n'engendrent aucun objet tangible ou matériel : soins, éducations, services à la personne en général, transports, spectacles ... ; tout cet immense volant de l'économie où manquent les bras, les heures, la présence d'un tiers alors que tant de personnes sont jetées aux oubliettes par le rapprochement des bassins de consommation et par la mise en concurrence mondiale des systèmes d'offre de biens matériels, par la délocalisation de la production ou par la déloyauté d'une concurrence qui ne repose pas sur les mêmes garanties, les mêmes contraintes environnementales ou les mêmes règlements commerciaux.

Revoir nos instruments financiers, en France, en Europe et dans le monde relève non pas seulement du champs économique mais du territoire prépondérant de la culture ainsi que le rappelle, de façon magistrale, Georges Weigel dans "Le Cube et la Cathédrale" en réponse à la question : "Quel est le moteur de l'histoire ? ".

"Au cours de mes treize années de recherche et d'enseignement en Europe centrale et orientale, j'ai été impressionné par ce qu'on pourrait appeler la vision "slave" de l'histoire. On peut la découvrir chez Vladimir Soloviev [...]. On la trouve aussi chez Henryk Sienkiewicz [...] Adam Mickiewicz, Juliusz Slowacki, Cyprian Kamil Norwid [...] Karol Wojtyla [...]

Le fil rouge qui unit ces penseurs disparates est la conviction que les courant les plus profonds de "l'histoire" sont spirituels et culturels, plutôt que politiques et économiques. Selon cette façon de penser, cette "histoire" n'est pas simplement le sous produit de la lutte pour le pouvoir dans le monde - même si cette lutte joue un rôle énorme. Elle n'est certainement pas l'émanation des moyens de production comme l'enseignent les marxistes. Sur le long terme, l'histoire est conduite par la culture - par ce que les hommes et les femmes honorent, chérissent et vénèrent ; par ce que les sociétés estiment juste et bon et noble ; par cela même pour quoi les individus et les sociétés sont prêts à mettre leur vie en jeu."

Force est de constater qu'avec l'IVG, ceux que nous devrions protéger, honorer, chérir et vénérer ne le sont plus. Tout juste sont-ils maintenant garder ou assassiner selon une logique absurde où ne paraît compter que le seul désir et/ou la conformité à des critères fantaisistes. Tyrannie meurtrière qui condamne au seul motif de l'absence d'un désir qui, pourtant, ne devrait jamais avoir le dernier mot car celui ou celle que je garde en mon sein au prétexte que je l'ai désiré(e) ou que j'élimine au motif que je n'en voulais pas se trouve alors vainqueur ou perdant d'une loterie barbare. En vérité, je ne puis jamais affirmer que je désire ou pas cet enfant-là puisque je ne le connais pas. Quand je dis que je le désire, je ne fais que projeter sur lui d'autres désirs. La première attitude juste n'est donc pas d'abord de le désirer mais de l'accueillir tel qu'il se présentera et tel qu'il grandira. Cette pétition de principe n'est pas une négation de l'importance du désir mais l'installe à sa place, qui est seconde, et pose une question cruciale : comment accorder mes désirs, jour après jour, afin qu'un tout petit, un plus faible ou un plus fragile, ne fasse pas les frais de mes inconséquences et de mes incohérences voire de celles d'un autre ? Comment être et agir afin qu'un sans défense ne porte pas sur lui le poids de mon inconduite voire de mon état de victime manifeste et sans conteste ?

Dans tout pays tel que la France où le culte démesuré du désir et des droits tous azimuts s'est substitué à la culture de l'hospitalité et des devoirs de rigueur, quelle place vais-je offrir à l'autre ? Vais-je considérer son apparence, ses mérites, ses pouvoirs, ses atouts, ses chances, ses caractéristiques ethniques, culturelles, religieuses, ... pour régler la qualité de mon accueil, de mes prestations, de mes paroles ? Vais-je raisonner en "retour sur investissement" ? Est-ce que je me déciderai en étant guidé(e) par la pression mortifère d'une société suicidaire ou bien en luttant contre elle et en résistant au matraquage qui s'abat de plus en plus sur tous ceux qui ne sont pas déjà dans la place, bien installés et heureux profiteurs d'un système déréglé qui leur procure assez d'avantages pour satisfaire leur confort personnel, clanique ou ethnique ?

Qu'un enfant soit désiré ou pas ne devrait jamais influencer ou déterminer mon attitude à son égard. Sa présence suffit pour attester qu'un Désir qui me dépasse a permis qu'il s'annonce. Refuser sa naissance paraît exprimer la toute puissance d'une volonté maîtresse d'elle-même, de son corps, de son destin alors que ce refus démontre au contraire l'anéantissement dans ma vie d'une liberté capable de déjouer les petites prévisions, les calculs pusillanimes et les précautions indigentes. Assassiner cet enfant avant terme c'est tuer en moi la source d'une joie qui s'accorde au réel tel qu'il se présente et qui ne cherche pas à se dérober aux devoirs qui s'y rattachent, cela dût-il contrarier mes attentes actuelles et mes désirs du moment.

Assassiner l'enfant avant terme donne l'illusion d'avoir mis fin à un sujet d'inquiétude et d'angoisse : comment faire avec ce nouveau venu que je n'attendais pas ou même que je redoutais ? Mettre fin à son existence palpable ne serait-il pas le meilleur moyen apparent de résoudre le problème ?

En suspendant le jugement qui condamnait un innocent, en renonçant à faire exécuter une sentence de mort injuste, je ravive en moi le feu de cette énergie qu'aucun obstacle ne saurait vaincre et la maternité à venir a déjà un tout autre visage : non plus la prétendue vengeance d'une autorité qui serait inique et prendrait plaisir à me punir d'un égarement, d'une imprudence ou d'une violence mais l'authentique fidélité d'un amour sans mesure qui m'accorde, au travers de cet enfant, aussi peu désiré soit-il, un don sans équivalent, un trésor inestimable. Si je demeure toujours "libre" de le refuser, je ne ressortirai jamais indemne de l'avoir négligé ou méprisé. En le gardant, j'ouvre dans ma vie une porte qu'aucune puissance de mort ne pourra jamais refermer.

L'IVG  qui résulte en partie d'une conception erronée de la maternité, de la paternité, de la vie conjugale, de la sexualité humaine et de tant d'autres réalités visibles ou invisibles, ne semble guère laissé aujourd'hui de place à l'inconnu, à l'imprévisible, à l'insondable et à la beauté nue, sans artifice, sans prétention. 

En rabotant les mystères qui nous entourent, l'IVG se présente comme LA solution, soit disant incontournable, à tous les maux d'une maternité problématique. Cette prétention devrait pourtant nous alerter, nous rendre méfiants et de plus en plus vigilants : l'IVG ne serait-il pas, sous des apparences généreuses tout à fait trompeuses, le bras armé de toutes ces forces qui tentent, par tous les moyens, de contrecarrer l'aventure humaine et qui essaient d'occulter ses plus belles réalisations pour ne mettre en avant que le sordide, l'infect, le désespérant et le plus noir quitte à nier l'évidence des progrès de l'humanité en certains domaines ? 

En qualifiant l'IVG de "progrès", ses partisans ne sont-ils pas, comme en tant d'autres matières, les pourfendeurs des véritables progrès accomplis : cette qualification erronée contribuant, pour une part non négligeable, à exciter le ressentiment de tous ceux qui se laissent submerger par une présentation outrancière de la marche du monde en laquelle ne dominent que les plus sombres tragédies comme si l'histoire de notre planète ne se résumait qu'à une succession de crises, d'épidémies, de guerres, ... ; présentation qui finit par rendre vaine toute espérance, tout espoir que demain soit plus heureux qu'hier et qu'aujourd'hui. Triste vision, en somme, d'une complexité qui dépasse pourtant largement le sombre tableau peint par quelques esprits torturés, quelques âmes blessées finissant par être privés de toute lumière et répandant, sur tous, les ténèbres  de ses passions tristes, d'une foi perdue, d'un amour contrarié, d'une vie massacrée, d'une conscience saccagée.

L'IVG est le masque d'une terrible régression qui va à l'encontre des véritables progrès de l'humanité. Ces progrès permettraient, si nous en faisions bon usage, que non seulement aucune femme ne soit tentée d'avorter mais encore que tout enfant bénéficie de conditions de vie au moins décentes d'un point de vue matériel. La rareté de certains biens matériels que nous pouvons constater aujourd'hui ne venant pas de leur manque objectif sur la planète Terre mais d'une organisation déficiente de nos systèmes de décision, d'élection, de conception, de production, de stockage, de transports, de circulation, de distribution ... Organisation déficiente qui résulte moins de l'architecture de  ces systèmes que d'un dérèglement général des SERVICES afférents à ces systèmes. Dans une économie où la seule monnaie en circulation ne fait que répondre aux questions d'offre et de demande de matière (ou d'énergie) sans bien prendre en compte la spécificité de l'offre et de la demande de services : en gérant le temps que nous pouvons nous offrir les uns et les autres comme s'il s'agissait d'un bien rare, nous assistons, parfois jusqu'au désespoir (et c'est là que le bât blesse et tue les sans défense), à cette chose hallucinante : la raréfaction de biens de première nécessité pour un nombre très important de personnes alors que d'autres, par un jeu subtil et savant de prédation, accaparent une montagne de richesses superflues dont elles n'ont pas l'usage ou qu'elles gaspillent allègrement. En parallèle, nous assistons aussi à la raréfaction de l'offre de services (soins, instructions et éducations par exemple) sur certains territoires alors que ces biens, par essence immatériels, devraient ne jamais faire défaut, en raison de l'augmentation sans précédent des populations humaines et du développement des connaissances utiles à l'exercice des métiers concernés ! Soit deux dysfonctionnements majeurs de nos sociétés, dites avancées, qui ne manquent pas d'interroger tout observateur attentif.

Au lieu de considérer l'avortement comme un "bien", un "droit" et l'IVG comme un "droit" ou une "conquête", nous ferions bien de nous préoccuper de ce que signifie l'extermination massive d'une grande partie des générations montantes en Europe et dans tout lieu terrestre où l'on a perdu le sens du bien véritable ; où sévissent en conséquence des dispositions hostiles au tout petit, au sans défense et au faible, en regard de critères de performance déments et criminels. Nous découvririons alors que la crise actuelle offre une formidable occasion de revoir en profondeur nos modes d'organisation et de gestion, en particulier nos émissions de monnaie sans nous laisser impressionner par les défis à relever, sans nous laisser abuser par les : "si cela était possible, il y a longtemps que l'on aurait inventé une solution" ; "on a tout essayé" ; "les problèmes contemporains sont inéluctables (voire insolubles) tant que la planète Terre sera aussi densément peuplée" ... toutes assertions facilement démontables par un esprit entreprenant, un coeur vaillant et une intelligence clarifiée. 

Au contraire, nous devrions être capables d'entrevoir les gisements fantastiques de progrès que nous offrent désormais les moyens techniques nouveaux telle que l'informatique, pour enrayer un phénomène suicidaire. Il nous faut repenser de fond en comble les logiques à l'oeuvre dans le monde pour tirer partie des données nouvelles d'une configuration inédite : jamais l'humanité n'a disposé de leviers aussi puissants pour surmonter ou écarter les obstacles qui se présentent sur son chemin. En réfléchissant calmement, sans animosité et sans invective, sans a priori douteux et avec magnanimité, nous nous apercevrons qu'il est possible de développer de nouvelles offres de monnaie (entre autres) qui répondent beaucoup mieux aux attentes d'un monde en déshérence, faute d'outils financiers bien adaptés aux véritables enjeux de première ou de moindre nécessité. L'affirmer n'est pas considérer qu'ils suffiront à tout résoudre ! Leur développement suppose en effet une conversion préalable : sortir de la course en avant des "progrès" sociétaux illusoires qui ressemblent beaucoup plus à des ouvertures licencieuses qu'à des avancées spectaculaires en matière de droit puisque ces "progrès" font la part belle à quelques profiteurs au détriment de la grande majorité des citoyens, lesquels ont intérêt, quand ils en ont la faculté, à ouvrir les yeux avant qu'il ne soit trop tard. Tel n'est pas le cas de ceux qui sont tués avant même de naître : ils n'auront de voix au chapitre que dans l'au-delà et quelle voix ! Ne pas l'oublier, c'est entrer dans ce mouvement de salut, heureusement toujours actif, pour nous laver de nos fautes et de nos crimes. "Si nous nous taisons, les pierres crieront". Alors qu'en sera-t-il de tous ceux qui ont été fauchés avant même de naître ? Se pourrait-il, en toute justice, qu'ils n'aient jamais leur mot à dire ?

Il suffit pourtant de prêter l'oreille pour entendre leurs cris puisque l'au-delà ne désigne pas seulement un monde à venir : l'au-delà fait déjà partie de cette part invisible de l'univers où nous sommes. Part invisible bien plus vaste que nous ne l'admettons d'ordinaire puisqu'en se penchant attentivement sur les réalités du monde qui nous entoure, nous découvrons à chaque instant que toute réalité visible cache toujours une réalité invisible et lorsque nous sommes au fait de cette correspondance, nous évitons de nombreuses erreurs d'interprétation : en accédant à ce qui est caché, nous lisons les signes manifestes d'un oeil neuf qui ne se laisse plus abuser par les contours d'une représentation censément imparfaite.

En ces temps qui sont les derniers et où nous est donnée, chaque jour davantage, l'évidence de la prépondérance de l'immatériel, il serait surprenant que nous la négligions au profit d'une logique accordant un poids démesuré au seul donné matériel, aux seules réalités immédiatement perceptibles voire aux seules "images" montrées et présentées comme seules nourritures dignes d'intérêt ! S'ensuivrait le développement d'un isolement généralisé de chacun d'entre nous, celui-là même que l'IVG et l'avortement contribuent à alimenter, sans crier gare : à celle qui était en train de manifester en son sein, de manière cachée, que nous ne sommes rien sans le lien qui nous unit aux autres et en particulier à plus fort ou plus avancé que nous-mêmes, l'IVG et l'avortement ne proposent qu'une coupure et qu'une défaite du lien. Ne nous étonnons pas que le monde alentour se fissure et se lézarde de toutes parts : quand le temple intérieur, le sanctuaire d'une femme enceinte, est dévasté, c'est tout un monde invisible qui est détruit en prenant pour cible un corps ne demandant qu'à révéler, aux yeux de tous, les splendeurs de la Création, non seulement celles que les sens peuvent admirer mais aussi celles que l'esprit est capable de connaître par une recherche passionnée de la vérité ultime des choses, des événements, des êtres et des personnes.

Quand l'enfant qui devait paraître est assassiné, sa mère et lui-même sont les grands perdants d'un marché de dupes : ce crime profite à quelques-uns (des grands-parents qui ne veulent pas essuyer la honte d'une naissance hors mariage, un homme déjà engagé qui ne veut pas entendre parler des conséquences de son inconduite, des activistes qui rêvent de dépeupler la terre, ... ). Tous ces profiteurs n'ont cure des ravages que l'avortement fait subir à la mère et à son enfant. Ils préfèrent sauvegarder leurs intérêts et leurs avantages au détriment d'un beaucoup plus faible qu'eux-mêmes.

L'enjeu majeur de l'abolition de la peine de mort pour les tout petits en gestation est donc très clair : chaque année en France, à chaque heure qui passe, sortir des milliers de femmes du piège tendu par ceux que cette peine arrange.


Divers titres de l'article dans d'autres langues :



Abschaffung der Todesstrafe für Kleinkinder in der Herstellung

Abolition of the death penalty for toddlers in the making


إلغاء عقوبة الإعدام على الأطفال الصغار في صنع




heriotza zigorra indargabetzea egiteko toddlers




তৈরিতে খুব ছোট জন্য মৃত্যুদন্ড বিলোপের




Адмена смяротнага пакарання для дзяцей ясельного ўзросту ў працэсе стварэння




Abolició de la pena de mort per als nens en la presa de




死刑的废除在制定幼儿




만들기에있는 유아에 대한 사형 폐지




Afskaffelse af dødsstraf for småbørn i støbeskeen




Abolición de la pena de muerte para los niños en la toma de




Abolicio de la mortpuno por malgrandaj infanoj en la farado




Κατάργηση της θανατικής ποινής για τα μικρά παιδιά στα σκαριά




לביטול עונש המוות לפעוטות בהתהוות




निर्माण में बच्चों के लिए मौत की सजा के उन्मूलन




Eltörlése a halálbüntetés a kisgyermekek a döntéshozatalban




Penghapusan hukuman mati bagi balita dalam pembuatan




Deireadh a chur le pionós an bháis do leanaí óga i ndéanamh




Afnám dauðarefsingar fyrir smábörn í burðarliðnum




Abolizione della pena di morte per i bambini nel processo decisionale




製作に幼児のための死刑の廃止




لغو مجازات اعدام برای کودکان نو پا در ساخت




Zniesienie kary śmierci dla małych dzieci w podejmowaniu




Abolição da pena de morte para crianças na tomada




Abolirea pedepsei cu moartea pentru copii mici în devenire




Отмена смертной казни для детей ясельного возраста в процессе создания




Bãi bỏ hình phạt tử hình đối với trẻ trong việc làm












     

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